The Revenant par Feuardent

Là, il convient de faire la part des choses : d’un point de vue formel, The revenant est une merveille. Au point qu’il n’est même pas nécessaire de le démontrer. Concernant le fond, c’est une autre affaire. Que sait-on du personnage principal ? Rien, excepté qu’on a tué son fils, motivant ainsi son désir de vengeance. Que sait-on de l’autre protagoniste ? Rien non plus, excepté qu’il a tué l’enfant du premier. C’est un peu court. Pensez aux films que vous chérissez, que vous aimez RÉELLEMENT : ils vous présentent des personnages auxquels vous vous êtes attachés, dont les caractéristiques sont si justes qu’ils vous paraissent faits de chair, et qui ont des contradictions, des ambiguïtés, un passé et un destin. Rien de tout cela ici. Les protagonistes d’Innaritu sont de pures coquilles vides. Ils sont le théâtre de la mise en scène d’un sentiment : la vengeance, aiguillé par une vertu : l’amour paternel. Ils sont lisses au point qu’ils fonctionnent auprès de vous comme un miroir : vous projettez sur eux votre propre amour paternel, les expressions muettes de Leonardo di Caprio étant infiniment propices à ça. Au final, vous aurez vu de superbes images, mieux : une mise en scène magnifique, mais vous n’aurez rencontré personne dans ce film vide, sans personnages, et qui file tout droit vers votre oubli…