La longue souffrance et la beauté à vif.

Le film d'Inarritu nous éblouit tout d'abord par la beauté de ses plans. L'immersion est totale grâce à une lumière et des décors naturels, et les grands angles nous laissent bouche bée par leur pureté, leur magnificence et leurs grandeurs. The Revenant est un long métrage qui nous blesse, qui nous fait ressentir le poids du temps notamment à travers les symboles naturels, et nous transporte dans une sorte de voyage initiatique douloureux, long, mais pas avare de récompenses. Impossible pour ma part de ne pas y voir une dimension écologique. La violence est telle qu'on est forcé de se demander au bout d'un moment si tuer des castors pour en récupérer les fourrures en vaut vraiment la peine. On se retrouve aussi démuni face à la puissance de l'environnement et l'attaque de l'ours nous fait grincer des dents bien plus que celles des indiens.


On pourrait reprocher le manque de finesse des animaux en 3D, mal incrustés, qui nous sortent un peu du film. Beaucoup lui reproche aussi des longueurs, ce qui peut se comprendre, mais je pense qu'il faut les accepter, et qu'elles font partie du "chemin de croix" du spectateur qui accompagne le personnage principal dans un voyage térébrant mais juste. La longueur des plans permet à mon avis une meilleure immersion et renforce l'aspect contemplatif et énigmatique de l'oeuvre (le passé de Hugh Glass qui le hante à travers la figure de sa femme, le tas de crânes d'animaux, la vision d'adieu à son fils aux abords de l'église abandonnée, la comète ). Le jeu de DiCaprio, sans être renversant, me semble à la hauteur et indispensable au bon fonctionnement du périple qui nécessite de passer par des émotions en adéquation avec la douleur, la torpeur, la trahison, la torture et la vengeance, ce qu'il sait faire comme il se doit.


Je suis sorti de la salle époustouflé, et il m'est encore impossible de repenser à The Revenant sans voir cette image de neige tachée par le sang à côté d'un courant d'eau en mobilité perpétuelle. Et cette phrase: "Laissons la vengeance entre les mains de Dieu."

Sköll_
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le 28 mars 2016

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Sköll_

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