La première fois que j'ai vu le Rolling Stones - Rock and Roll Circus, j'ai pleuré pendant une heure.

Oui, je sais, ce n'est pas le genre de rockumentaires, (ma fille vient de m'apprendre qu'on disait "rockumentaire",) qui vous fait verser des larmes, mais que voulez vous....j'ai pas dit qu'émotionnellement, j'étais logique.

Je passerai sur les performances des uns et des autres : l'aristocratie rock londonienne faisait ses adieux au "Swimming London" en s'auto congratulant.

C'était aussi une manière pour Jagger et Richards de remercier leurs fans et leurs amis de leur soutien, (notamment les Who) pendant "le fâcheux incident de Redlands" qui a bien failli les envoyer en prison et leur coûter leur carrière.

Les incandescents papillons que la roue n'avait pas brisé avaient dont eu l'idée, (lisez Mick avait eu l'idée) de réunir les groupes qu'ils appréciaient pour faire une émission de Noël.

On peut imaginer la tronche de la BBC passant ces terribles Rolling Stones le jour familial par excellence....

Mais dans le bordel des sixties et la décision des Stones de ne pas diffuser le rockumentaire, (hey, j'ai appris un nouveau mot !) car parait il que Mick n'a pas voulu, que Keith n'a pas voulu, que les autres n'ont pas voulu..(mais que dis je ? Comme si les autres avaient la parole !) parce que les Who leur avaient volé la vedette, la BBC n'a pas eu à se poser la question "faut il diffuser ce documentaire avec ces satanés Stones, diantre ?" (en anglais, c'est mieux...)

Une autre version soutenue par le réalisateur dit qu'il a tout simplement été perdu au cours du déménagement des Stones en France.

Bref, le voilà sous mes yeux.

Je passerais sur les performances hallucinées des uns et des autres, il vaut mieux les voir. Jethro Tull avec le chanteur debout sur une jambe, Taj Mahal dont on apprend au passage que Keith, déjà calme et serein comme un moine bonze avait menacé son alter égo et le réalisateur de ne pas jouer s'il ne passait pas (ils avaient des problèmes de papiers...), les Who..ah, les who, bon moyen de se souvenir que non, ils ne sont pas que le groupe qui a écrit le générique des experts qui ont fait la fête durant toute la lononononongue nuit de cet épique enregistrement où les caméras tombaient en panne, les musicos se défonçaient, Keith Moon..ben était Keith Moon, quoi et Marianne Faithfull flippait dans sa loge, étant donné qu'être la petite copine de Mick Jagger n'est pas exactement une porte ouverte à la sérénité, Clapton, Lennon et Richards jouant ensemble et une performance...étrange de Yoko Ono.

Tous les détails internes, le réalisateur les explique. Le reste, on le voit.

Je viendrai directement au set des Stones.

Oh, cerveau, que t'arrive t"il ? Il semblerait que tu aies subi une panne de secteur à ce moment précis.



14 heures d'attente avant de faire leur concert, un Keith d'une humeur massacrante, un Brian Jones à la fois défoncé et malheureux comme les pierres. Bill Wyman et Charlie Watts comme toujours, impassibles et pros...

Et Mick...Oh Mick......

Selon toujours le réalisateur, il refusait de capituler devant la somme d'emmerdements qui s'abattait sur eux et passait son temps à réconforter et à soutenir les artistes, qui auraient pu être tentés de lâcher l'aventure.

Et son propre groupe n'était pas le dernier à en avoir ras l'os.

14 heures d'attente, on peut comprendre....

Il a même été envisagé de revenir le lendemain, mais pas question de renoncer.

Même quand les caméras sont (encore) tombées en panne juste avant le moment que tout le monde attendait, (sympathy for the devil si vous l'ignorez encore), il n'était pas question de renoncer.

Il fallait juste trouver le moyen que l'équipe de tournage et le groupe soit PARFAIT en une prise.

En fait, ça leur en a pris trois.

Mais....Cerveau, où étais tu passé au moment de "sympathy for the devil ?" Je te soupçonne d'être un peu passé dans ma culotte.

Les premières notes et les premiers mots "please allow introduce myself
I'm a men of wealth of taste...."

Ce chef d'oeuvre absolu dans un contexte qui aurait mis à plat la plupart des groupes, (vous imaginez U2 dans la même situation ? Ben non impossible, puisque U2 aurait commencé par ne pas se mettre dans cette situation,) met tout simplement les poils.

Et pas que.....

Regardez juste ce moment où Mick à genoux sur le sol fait passer son tee shirt par dessus sa tête et montre les maquillages sataniques que la maquilleuse lui a peint sur la peau.

A ce moment là, je vous assure que Meg Ryan pouvait aller se rhabiller. La scène de l'orgasme, je la jouais en live !

Donc, bonne ou mauvaise, la performance des Stones ? Je sais pas, je n'ai vu que Mick. Ses yeux bleus, ses lèvres (oh, ces lèvres....) ses cheveux d'ébène, vestige de "performance" et ce charisme sexuel qui réduit tous les sexs symbols du rock au rang d'imitateur (sauf Bowie.)

A cet instant, j'aurais volontiers plonger dans l'écran pour faire partie des 4000 femmes (et Bowie).

Et je me retrouve à l'instant suivant, à pleurer comme une madeleine en écoutant la merveilleuse "salt of the earth", (je veux être enterrée sur cette chanson) regardant Mick serrer Marianne contre lui, protecteur et poser sa main sur le genou de Keith. (bon, je veux bien qu'à 5 heures du matin on ne sache plus trop quel genou on touche...) et là encore j'avais envie de rentrer dans l'écran et de leur hurler 'mais bande de connards, vous avez vu ce que vous étiez capable de faire ? La somme de talents réunie là ? Vous étiez obligés de TOUT FOUTRE EN L'AIR ???????"

C'est peut être le plus insidieusement triste de ce rockumentaire, (hey, trois fois !). Beaucoup sont morts depuis et Mick et Keith ne seront plus jamais soudés comme ils l'étaient à cet instant précis. Dans le sourire vague (et épuisé) de Mick, il y a cette certitude que nous avons parfois : celle de vivre un instant parfait, entouré des deux personnes qu'il aimait le plus au monde à cette époque et que les instants parfaits sont condamnés à ne jamais être revécus.

Finalement, il m'a laissé un goût amer. Car plus jamais une telle génération n'existera. Cette époque d'innocence et de naïveté mourra à Altamont et laissera place aux années 70. Brian sera éjecté du groupe et en mourra et le reste du groupe ne s'en remettra pas. Mick et Marianne se sépareront, Mick se réfugiera dans une tour d'ivoire nommée "show bizz" qui brouille la vérité dans des miroirs de vanité, Keith s'injectera une autre mensonge nommée héroïne, Lennon croisera un jour le chemin d'un certain Marc Chapman....Et cette génération qui a tout inventé disparaîtra doucement et tristement.

Alors, ça n'aurait sûrement pas duré. Mais on aurait tellement aimé que ça dure un peu plus...
ladymarlene
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le 8 mai 2014

Modifiée

le 8 mai 2014

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