Eh oui. Je sais, peu de gens aurait mis 10/10 à ce film. Je sais. Mais quelqu'un qui aurait mis la note de 1/10, ce serait plutôt une personne qui aurait vu ce film sans se soucier ne serait-ce un instant de l'histoire de sa fabrication, de l'envers de son décors en carton-pâte. Car oui, ma raison donne une appréciation médiocre à ce film, mais mon cœur lui donne 10/10.
The Room, c'est avant tout l'aventure de son réalisateur narcissique, Tommy Wiseau. Tommy, c'était ce gars, qui, en CE2, se vantait que plus tard, il deviendrait quelqu'un de célèbre, alors qu'il n'avait aucune culture et que surtout il était complètement dénué de talent. Dans la plupart des cas, la majeur partie de ce genre d'enfant abandonnent leur projet utopique bien plus tard, en se rendant compte des difficultés de la vie, ou alors tout simplement car ils comprennent qu'ils sont nuls dans la matière qu'ils souhaitaient exercer. Et bien pas Tommy. Et dieu merci. Car Tommy, mesdames et messieurs, est l'exception à la règle. Et il le prouvera avec la sortie de son premier film.
En 2003, donc, Tommy écrit, réalise, produit et finance The Room, un drame romantique qu'il espèrera voir être propulsé au rang de "film culte" ; mais qui finira néanmoins par être classé comme le plus gros nanard de tout les temps.
L'histoire est simple : le protagoniste, Johnny (incarné par Tommy Wiseau lui même) aime beaucoup sa petite amie Lisa. Malgré ça, cette dernière n'est plus sûre de partager les mêmes sentiments pour lui et le trompe avec son meilleur ami Mark. Et ?... C'est tout. 1h39 de film. Mais en réalité, bien plus se cache derrière la banalité assommante de l'histoire de ce long métrage.
Dans The Room, Tommy Wiseau se montre volontairement comme la star de son film, l'acteur au devant de la scène dont la présence est censé imposer le respect et la sympathie du spectateur. En effet, en plus d'apparaitre sept fois rien que dans le générique d'ouverture, son personnage est sage, sportif, sain d'esprit, gentil, protecteur et se veut même être philosophe à certains moments. A la manière grossière d'une tragédie grecque, Johnny va se faire trahir par Lisa et par Mark ce qui le poussera à commettre l'irréparable. Cette alternative attirera ainsi la pitié du spectateur à l'égard de son personnage devenu un héro tragique. Johnny est le rôle rêvé pour n'importe quel jeune acteur. C'est pour cela que Tommy le crée et l'interprète pour briller sur grand écran. Ce film, c'est toute sa vie.
Hélas pour lui, et je me répète, Tommy est plus fort pour rêver que pour écrire et réaliser un film. Je pense que l'on pourrait qualifier The Room de "film fait à l'aide de ses connaissances". En effet, Tommy Wiseau s'est nourrit de clichés et de stéréotypes de fictions déjà existantes pour alimenter le scénario de son long métrage. Des personnages aléatoires rentrent et sortent de l'appartement de Johnny et Lisa sans que l'on sache pourquoi ils y étaient venu, les faux raccords s'enchainent à tour de bras, la musique est catastrophique et les dialogues sont aussi absurdes que ceux d'une pièce de théâtre de Eugène Ionesco (il y a qu'à voir la scène de la fleuriste pour le comprendre : https://youtu.be/KIkoXhgtI58).
Rajoutons à cela le jeux d'acteur digne d'une compréhension orale d'anglais niveau A1 et des scènes de sexes musicales qui composent un sixième du long métrage pour dégrader encore plus le film.
Mais alors, pourquoi l'aimons nous autant ? C'est ça la vraie question. Pourquoi un film aussi nul et mal fait arrive t'il à nous séduire ? Et bien parce que grâce à la médiocrité de cette œuvre, Tommy Wiseau a réussi à réaliser indirectement son rêve, à savoir faire de The Room un film culte pour plein de gens, et surtout devenir célèbre. Ce film est tellement peu crédible, mal joué, improbable et clichée qu'il en devient incroyablement drôle, surprenant par moment et surtout étrangement captivant. On ne s'ennuie jamais en regardant ce chef d'œuvre incompris, devenant à chaque visionnage une sorte de chasse aux faux raccords et aux incohérences scéniques.
Merci encore Tommy Wiseau pour avoir créé la légende qu'est The Room.