Avec The Social Network, David FINCHER réussit le pari improbable de rendre passionnant un sujet tel qu'internet – et plus précisément le site Facebook – et de transformer en (anti)héros un adolescent geek qui passe son temps en robe de chambre et porte des claquettes de piscine.
Adaptation du livre-enquête de Ben Mezrich, La revanche d'un solitaire, The Social Network s'attaque à sujet extrêmement contemporain, le réseau social Facebook, et pointe de ce fait le passage d'une époque à une autre, l'émergence d'un nouveau monde. Mais le véritable centre du film, sa raison d'être, c'est le complexe jeune surdoué créateur Mark Zuckerberg. Le film suit son ascension, de l'origine de l'idée et de sa réalisation en 2004 jusqu'à son apogée de nos jours. Jesse Eisenberg est formidable dans ce rôle de génie autiste, asocial et insolent qui tire de sa frustration et de son désir de paraitre l'idée brillante qui deviendra un phénomène de société. Plaire et impressionner semble en effet l'ambition principale de Zuckerberg, dans la jungle de l'université Harvard où le seul moyen d'exister est d'appartenir à l'une des sociétés élitistes qui dominent la vie étudiante. Par ailleurs, c'est une déception amoureuse qui met en marche la mécanique de recherche de reconnaissance par le biais d'internet. De nombreuses frustrations, Mark fait naître son pouvoir, mais il ne découlera de cette puissance qu'une solitude encore plus profonde que celle des débuts. La toute dernière scène, ironique, le montre ainsi, seul devant son ordinateur, actualisant encore et encore sa page Facebook dans l'espoir d'une notification. Cette séquence finale très juste permet à l'utilisateur de Facebook que nous sommes de s'identifier pour la première fois à cet anti-héros antipathique. En effet, FINCHER dresse un portrait sans concession du jeune homme devenu milliardaire. Misogyne, égoïste, jaloux et prêt à sacrifier son seul ami à la réussite de son site, Zuckerberg est un être complexe dont le cinéaste nous rend proche grâce à la dérision. Humour propagé avec le plus grand sérieux du monde par le personnage. En effet, Mark apparait comme un orateur à la rhétorique subtile et à la répartie implacable. Les mots s'enchainent impétueusement à l'instar du montage extrêmement rythmé qui nous entraine dans cette vertigineuse aventure/entreprise. Ce qui frappe dans The Social Network, c'est la place prépondérante accordée aux mots. La première séquence nous perd dans un dialogue de sourd extrêmement vif entre Mark et sa petite amie, les conversations techniques suivent, ainsi que de véritables joutes verbales entre Mark et ses « opposants ». Le pouvoir dans le cas de Zuckerberg semble être une question de parole et d'intelligence.
David FINCHER nous livre donc un film très intense, aussi efficace qu'intelligent et brillement mis en scène. Une sorte de Citizen Kane moderne.
Elenore
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le 4 déc. 2010

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