Présenté lors de la cérémonie célébrant les 70 ans du Festival de Locarno, cet envoûtant film suisse se déroulant dans les dunes du Rajasthan a su captiver la Piazza Grande comme le fait Nooran, le personnage principal, par ses chants.


Nooran, jouée par la touchante Golshifteh Farahani, est guérisseuse et chanteuse dans le désert, où elle habite avec sa grand-mère, également guérisseuse. Elles sont connues dans la région pour leur habilité à guérir les piqûres de scorpions à l’aide de chants et de prières. Femme indépendante et joyeuse, elle est convoitée par un marchand de chameaux, Aadam. Ce marchand, joué par l’emblématique acteur indien Irrfan Khan, la suit de village en village afin d’essayer de la charmer.


Un soir, Nooran se fait violer par un inconnu qui prétend s’être fait piquer par un scorpion, marquant un tournant décisif dans le film. A la suite de cet événement, la jeune femme semble avoir été volée de son âme, elle dira d’ailleurs que le violeur a pris l’ancienne Nooran avec lui. Sa grand-mère disparaît également après le viol et le village décide que la jeune femme doit déménager. Elle décidera finalement d’accepter la demande en mariage d’Aadam, n’ayant plus de chants, le viol lui ayant enlevé l’habilité de chanter, ni de toit et de famille.


Ce songe captivant est le représentant d’un cinéma contemplatif, traitant de sujets difficiles sans tomber dans le pathos. En effet, malgré des sujets tels que le viol ou la mort, le film réussit à garder de la poésie dans toutes les scènes, autant par la musique mystique que par l’esthétique des dunes qui semblent infinies, des tissus colorés et des cabanes aux toitures de chaume. Ce film est porté par des acteurs puissants, n’hésitant pas à sortir de leur zone de confort, Irrfan Khan étant plutôt habitué aux superproductions indiennes et hollywoodiens et Golshifteh Farahani ayant appris l’hindi pour le rôle de Nooran. Avec ce long-métrage, Anup Singh propose une histoire qui transcende culture et traditions, porté par un personnage féminin qui refuse de se plier à ce qui est attendu d’elle, préférant faire ce qu’elle croit juste et surtout, ce qu’elle veut, sans être posée en victime malgré les difficultés qu’elle rencontre et la douleur qu’elles provoquent.


The Song of Scorpions est un film capable de transporter le spectateur dans un autre monde et dont l’atmosphère obsède bien après le visionnement. Il rappelle qu’il n’est pas nécessaire de faire dans le larmoyant pour montrer les obstacles qu’une femme peut rencontrer, ainsi que sa force.

fiona_
8
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le 14 août 2017

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