Une mise en scène magnifique et un propos radical

La genèse de The Survival of Kindness, racontée par Rolf de Heer sur le site de Nour Films, est déjà incroyable et je vous invite à la consulter. Revenons ici sur l’identité de ce film presque muet, avec très peu d’acteurs, filmé dans les décors les plus sauvages de la Tasmanie. C’est bouche bée et admiratif, que vous constatez la patte affûtée du réalisateur et de son équipe technique pour capturer de telles images de forêts, de montagnes ou de lieux quasi à l’abandon dignes d’expéditions en « Urbex  rural ». Ensuite, c’est la force emblématique de ce récit où une femme enfermée dans une cage, va réussir à en sortir pour regagner une certaine « idée de la civilisation ». Rolf de Heer reconvoque les logiques de survie dans un monde hostile où les contacts humains sont pauvres et malsains. Or l’opiniâtreté de son anti-héroïne déshéritée, lui permet de rencontrer deux enfants avec lesquels elle va nouer des rapports de confiance et de partage.Non téléphonée,l’histoire amène le spectateur à s’emparer de chaque rencontre pour en tirer une atmosphère ou de chaque événement pour en tirer un sens singulier ( à défaut d’être précis). Comme l’expérience en soi est vertigineuse, vous êtes un enquêteur et si vous êtes assez perspicaces, votre intuition vous fera déduire le désarroi de la femme survivante et de son repli volontaire de la civilisation violente et odieuse, pour un choix terrible mais logique. Il faut avouer que The Survival of Kindness est une véritable claque esthétique autant que son propos est radical mais le voir, c’est une expérience cinématographique à part entière où le beau côtoie l’immonde, où la détresse peut déboucher sur un certain apaisement mais où rien n’est vraiment gratuit dans la volonté de désigner une nature humaine souvent violente, injuste et démente pour défendre de misérables particules d’intégrité.

Specliseur
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Un film en 2024

Créée

le 2 mai 2024

Critique lue 1 fois

Specliseur

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur The Survival of Kindness

The Survival of Kindness
RENGER
4

Une étrange odyssée (visuellement bluffante), qui m’a laissé un arrière goût d’inachevé…

Au milieu d’un désert aride et sous un soleil de plomb, une femme est abandonnée dans une cage. Déterminée à survivre, elle parvient à s’échapper et se lance dans une odyssée à travers un monde en...

le 24 déc. 2023

4 j'aime

The Survival of Kindness
Cinephile-doux
6

Paysages de l'après-apocalypse

Dans sa longue filmographie, le réalisateur australien Rolf de Heer a démontré un éclectisme certain et une vraie radicalité, quand le sujet l'exigeait, avec notamment Bad Boy Bubby mais aussi, dans...

le 8 oct. 2023

4 j'aime

The Survival of Kindness
LesGloutons
8

Critique de The Survival of Kindness par LesGloutons

Une femme noire est enfermée dans une cage de fer, laissée en plein milieu d'un désert australien, sans vivres.Présenté lors du troisième jour de l'étrange festival, par le réalisateur du film culte...

le 8 sept. 2023

3 j'aime

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

Les Frères Sisters
Specliseur
5

Le western: pas un background pour Jacques Audiard

Quand j’ai lu,comme beaucoup de monde,que les Frères Sisters était une proposition de John C Reilly au réalisateur,j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la nature de ce film pas véritablement...

le 20 sept. 2018

19 j'aime