Je suis extrêmement surpris de la qualité, supérieure au premier film et à bon nombre d'œuvres du genre, de cette suite chinoise opportuniste. C'est un des films de catastrophes spatiales les plus spectaculaires et mieux réalisés, se donnant clairement les moyens de ses ambitions démesurées, tout en gardant la tonalité humaine face à cette mésaventure planétaire. Toujours réalisé par Frant Gwo, il s'agit d'un prequel qui invente et développe toutes les prémisses du projet de déplacement de la Terre, dont celui de d'abord éloigner la Lune (avec un développement techno express en 30 ans). Les réactions mondiales sont davantage prononcées, avec des oppositions terroristes, et toujours cette excellente mise en avant de l'effort international. Le cadre très panoramique en 2.76 est fantastique et rend l'action épique, surtout au niveau spatial et pour les scènes lunaires monochromes. Avec un budget au moins double, les effets visuels sont affinés et impressionnants, maximisant les prises réelles et intégrant superbement les CGI qui, grâce à une photo naturelle (type Opaloch), évitent le rendu numérique ; les 48fps apportent aussi lisibilité à l'action. Il y a de très beaux plans contemplatifs et la musique est souvent intimiste, mélancolique, principalement en piano et cordes frottées, d'inspiration Zimmer, Djawadi, Holkenborg. Le montage est également très bon, alternant ces pièces faramineuse, les scènes dramatiques, et d'autre plus légères sur un rythme qui ne valorise pas que le spectaculaire. Des indications récurrentes à l'écran précisent le contexte et l'urgence de la situation. Par contre, lorgnant vers les 3h, le film de Gwo est très gourmand et aurait pu se dispenser de quelques péripéties pour garder la portée fataliste en ligne de mire. C'est avant tout une odyssée de la persévérance humaine face à son extinction, qui capture bien l'esprit de Cixin, notamment l'échelle interstellaire en comparaison du voyage trop statique du premier film. Les thèmes de l'auteur sont également mieux implémentés, réussissant à émerveiller et provoquer la réflexion sur la condition de l'homme.