Troisième film de Shûichi Okita après The Chef of South Polar (2009) et City Boys’ Film Noir (2011), The Woodsman and the Rain a été présenté en avant-première au Festival international du film de Tokyo en 2011 et a remporté le prix spécial du jury. Il a également été projeté au Festival international du film de Dubaï 2011 et a remporté les prix du meilleur monteur, du meilleur acteur et du meilleur scénariste. The Woodsman and the Rain, c’est la confrontation de deux mondes qui sur le papier n’ont rien en commun mais qui vont pourtant avoir besoin l’un de l’autre. The Woodsman and the Rain, c’est une version japonaise de cette vieille rengaine où un veuf reclus va retrouver l’envie d’avance avec l’aide d’un jeune réalisateur timide et mal dans sa peau. Une amitié improbable qui arrive au bon moment pour les deux protagonistes et qui leur apprend ce dont ils ont besoin pour grandir/avancer. Le principe est peut-être un peu éculé mais il est traité ici avec une telle tendresse que ça tire clairement le film vers le haut. Le résultat est un film doux, drôle et charmant dans lequel on se laisse porter par le rythme détendu, le sourire aux lèvres.


The Woodsman and the Rain, c’est donc la confrontation de deux mondes : celui de la campagne reculée, pas pressée, et celui des gens pour qui le temps c’est de l’argent. Celui des traditions, et celui qui vit avec son temps. D’un côté, nous avons Katsu, incarné par l’excellent Kôji Yakusho (Cure, Pulse, Shall We Dance), un homme clairement dans une impasse. Sa femme est morte il y a deux ans, il est dépassé par le comportement de son fils, et il ne peut même plus apprécier les petits plaisirs de la vie depuis qu’on lui a diagnostiqué une hyperglycémie. Lorsque, en plein travail de bucheronnage, on vient lui demander de faire moins de bruit car le tournage d’un film est en cours juste à côté, il est certes un peu bougon, mais aussi un peu curieux, surtout lorsqu’on lui demande s’il pourrait faire office de figurant. D’un autre côté, on a Koichi, un tout jeune réalisateur / scénariste qui manque de confiance en lui, qui est très maladroit, qui passe son temps à s’excuser, et qui se fait malmener par son producteur qui va jusqu’à s’en prendre à lui physiquement. Katsu va se prendre de passion pour le cinéma et va se mettre à aider le tournage de ce petit film fauché autant qu’il le peut, renouant avec les gens. Il va se sentir utile et va prendre le jeune Koichi sous son aile. Koichi de son côté va reprendre petit à petit confiance en lui et trouver ses marques sur ce tournage, lorsqu’il verra que son projet avance mieux que prévu, mais aussi grâce à Katsu. Une amitié au départ étrange mais qui va prendre tout son sens au fur et à mesure que le film avance car par-delà l’écart d’âge, ces personnages nous montrent comment des générations différentes peuvent apprendre à se comprendre et se soutenir car les deux hommes ont plus en commun qu’ils ne le croient et chacun va s’enrichir de cette relation nouvelle. The Woodsman and the Rain est un film simple, avec une histoire simple, avec des personnages simples. Des personnages parfois hauts en couleurs mais avec qui on aime passer du temps car ils sont très rapidement attachants. Certains pourraient être nos voisins, quelqu’un de notre famille. On ressent de l‘humanité en eux, de la chaleur humaine et un sens de la communauté qui font plaisir à voir. Ces personnages nous semblent réels grâce à l’excellent travail du casting et le jeu très naturel des acteurs/trices.


Une grosse partie de l’humour va venir de ce décalage entre les personnages et de leur évolution. Deux personnages A et B très différents qui vont petit à petit converger vers un même point C. On rigolera du personnage de Katsu qui, au départ, ne sait même pas ce qu’est un zombie, s’émerveillant à la lecture d’un scénario ultra cliché sur une invasion de morts vivants, découvrant ce monde du cinéma qu’il ne connait pas et qu’il va aimer, allant jusqu’à recruter des gens de son village pour faire office de figurants. Le ton du film est léger, tout comme l’humour qui n’est jamais hilarant mais toujours plaisant qui nous dessine un sourire constant. Le rythme est posé, certains le trouveront sans doute un peu trop lent à leur goût. Et il est vrai que The Woodsman and the Rain aurait peut-être parfois mérité de laisser trainer moins ses plans sans que cela ne nuise ni à l’ambiance, ni au scénario. Mais c’est aussi pourtant ce qui nous emporte dans chaque scène, ce côté détendu jusque dans les dialogues avec ces moments de silence. Cela donne à certaines scènes un côté presque surréaliste, presque poétique lorsque la mise en scène derrière va appuyer cela. Cette mise en scène joue sur le même terrain, posée, avec parfois des longs plans séquences en plan fixe, accentuant le côté doux et calme du film, avec des moments parfois pleins de tendresse, pleins de poésie, en partie grâce à la photographie superbe. Alors on se laisse porter au rythme languissant des péripéties de tournage nous permettant de voir l’envers du décor (les problèmes de tournage, les désaccords entre les membres de l’équipe, les imprévus, les impondérables, …). Quelque part, Shûichi Okita nous parle de son métier de metteur en scène et des difficultés qu’il a dû lui-même déjà rencontrer, mais tout en douceur, car il veut qu’on s’amuse de cela et pas qu’on le plaigne. Tout comme il ne veut jamais prendre parti entre ce « vieux monde » et ce « nouveau monde », et lorsqu’on rigole de petites blagues sur l’industrie cinématographie ou de la vie en général, ce n’est jamais au dépend des personnages et c’est toujours bienveillant. Voilà, « bienveillant », c’est un mot qui définit bien The Woodsman and the Rain.


The Woodsman and the Rain est un film doux, drôle et charmant dans lequel il faut accepter de se laisser porter par son rythme langoureux pour profiter pleinement de la nostalgie et de la poésie qu’il procure. Une jolie réussite.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-woodsman-and-the-rain-de-shuichi-okita-2011/

cherycok
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le 4 oct. 2023

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