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Edit septembre 2023 : à la relecture, cette critique est pompeuse et ampoulée. Lisez-la en diagonale SVP, c'est pas mon meilleur cru. Faut croire que l'inspiration vient de choses qui nous inspirent pour de vrai => Méditez. Respirez.

*

Le deuxième film de Pasolini que je vois après Médée et l'impression laissée est plus forte, plus aboutie, assez vivace.

Dérangeant est sûrement le premier mot qui me vient en tête lorsque je repense à ce film visionné il y a deux jours.

Allons droit au but pour vous livrer vipère au poing ce que ce film brasse en moi, en espérant sincèrement que cela puisse, selon que vous l'avez vu ou non, égayer votre curiosité ou bien ajouter une nouvelle teinte sur le nuancier de couleurs que comporte votre jugement déjà sûrement éclairé à son sujet.

Bla-bla-bla, n'importe quoi.

Commençons.

Décor : une belle et riche demeure familiale italienne enclavée au sein même du chef-lieu lombard (Milan pour les gloglos) ouvre ses portes à un jeune inconnu pour le moins perturbant.

Drame : l'inconnu ressemble à un lointain cousin d'Alain Delon avec des poches sous les yeux et un air maladif inquiétant, un peu cireux. Il va à la manière d'un grand maître vaudou exercer un charme si pénétrant sur toute la joyeuse famille que tour à tour père ; mère ; fils ; fille et même servante viendront partager sa couche (pas en même temps hein) dans une détresse et un abandon de soi frisant très dangereusement la perte de contrôle totale.

Précision de rigueur : fils et fille doivent avoir entre 16 et 20 ans = on n'est pas non plus totalement sur du Claude François.

Plusieurs choses à noter ici : le film nous montre avec un niveau de détail fleurant bon la perversion les moments de conquête de chaque membre de la famille pris isolément. Le jeune inconnu dont on ne sait presque rien - il lit Rimbaud, est peut-être étudiant en droit, manifestement riche et de bonne éducation, guère plus de choses - récolte les fruits savoureux du pouvoir d'attraction dont il jouit là, dans cette grande maison, au milieu de tous ces pantins, paraissant presque distant et étranger à lui-même, excepté dans les moments où il cueille si délicatement chacune des fleurs familiales. Lesquelles exhalent divers parfums et sentiments contrariés, très souvent refoulés, tous bien à eux du père à la servante (mon Dieu la servante *rire*, vous verrez par vous-même).

Ce qui me semble bluffant, c'est le miroir qui nous est tendu lorsque chacun succombe inéluctablement à ce jeune homme sans histoire, je dis sans histoire parce qu'il est véritablement sans histoire dans le film ! Rien pour appuyer ou illustrer la puissance de son magnétisme, il n'a pas de nom, c'est un simple visiteur !

Comme Godefroy de Montmirail

L'on se rattache alors à du factuel : il est physiquement assez beau, mince et élégant, parle peu, fume avec distinction et semble posséder une correcte ration d'humour et d'auto-dérision. Voilà ce qu'on a à croquer le concernant. Autant le dire, rien du tout.

Rien n'est expliqué ; tout est suggéré avec un raffinement rendant très fidèle le côté malsain et obséquieux de toutes ces scènes de vies tourmentées.

C'est génial, c'est le Beau comme dit le prophète.

Ce qui est commode et malin, c'est que chaque membre a le droit à son petit traitement, à sa scène intime - j'ajoute ici qu'il n'y a rien de pornographique ou d'exhibitionniste malgré la mention -16 ans, les moeurs seules sont défrayées comme il se doit, 68 l'année de la réal' comme un clin d'oeil à nous autres français -.

Mais comme dans toute histoire, il y a un avant et un après.

Car oui, était-il arrivé dans leur monde comme un charmant cheveu sur la soupe qu'il repart déjà de la même façon, sans un mot et sans explication. Les portes du palais se fermant derrière lui, laissant cette triste famille orpheline, rendue bien plus malade qu'à son arrivée.

Et alors là vacarme ! Mais vacarme !

Tout s'effondre, le vernis craque, les volets claquent, les commotions s'enchaînent pour certains (certaines!), les pleurs et les frustrations sont à la limite du supportable, l'on pourrait se tuer, l'on pourrait se tuer pour moins que ça ! Vite ma dose, vite l'éphèbe, vite les jeunes loups consommés près des abbayes mais jamais hélas avec le même frisson qu'hier encore avec l'autre con ; vite l'art, vite la création pour se remettre en selle, vite la cigarette, vite brûler la vie par ses deux bouts, vite s'ensevelir, vite tout lâcher, vite se mettre tout nu en public là comme ça d'un coup d'un seul, vite en finir, vite partir, vite s'effacer, vite oublier, puis renaître, vite se figer, descendre du train, sur le terrain vague, puis dans le désert, vite vite toujours plus vite, vite à la tristesse infinie.

Infinie.

Infinie

On court on vole on volette on crache on maudit on maugrée on meure.

Mais les bras en croix s'il vous plaît, Italie oblige.

Amen.

C'est assez brillant, tout en fêlures : la douleur de la perte, du manque atroce de l'autre, qu'il soit amant amoureux ou bien confident.

Petit coeur bousillé avec attelle et perfusion, comme sanglé, aux petits yeux tristes et fâché avec ses amies les artères, lassé, épuisé de battre. Pourtant il faut bien, ça passera. Ça doit passer.

Esthétiquement ciselé ; montage top moumoute rendant fort service à la beauté des images ; riche de symboles et d'associations nouvelles ; excellente bande-son ; d'un silence planant dont on s'énamoure si vite ; au charme bien à lui ; au jeu d'acteur pudique et retenu, en douceur, tout en vice !

Je me risquerais à dire que Théorème présente une belle langueur... (en bouche, l o l).

C'est fortiche quand même. Et vive la dépravation !

Dernière mention spéciale dédicace à un plan d'une beauté somptueuse : une tête recouverte de terre dans un caveau de chantier et une toute petite flaque d'eau boueuse pour remplacer ses yeux.

=>> De la poésie XXL, une collab' Rimbaud X Supreme pourraient dire les jeunes en big 2023 ! Tss... ces jeunes....

J'ai beaucoup parlé pour finalement rien dire.

C'est cool.

Peut-être un peu comme le film, ou pas.

Ça passe et ça passera, merci Nolwenn Leroy.

*

Edit septembre 2023 : en gros de chez gros, c'est un bon film, mais je ne suis même pas sûr d'avoir apprécié. Cette critique n'a aucun sens et pourtant, elle existe.

Je dis oui.

Tupeuxtebrosser
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le 27 sept. 2023

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Tupeuxtebrosser

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