Allez savoir pourquoi j’avais fait l’impasse, en pleine période HKMania, sur Three Against The World et son casting assez monumental pour qui apprécie un tant soit peu le cinéma de Hong Kong. Parce que, jugez par vous-même : Andy Lau, Teddy Robin Kwan, Norman Chu dans les rôles principaux ; Chin Kar Lok et Teddy Yip dans des rôles secondaires, Chung Fat, Yuen Woo-Ping, Wu Ma, Shing Fui-On, Corey Yuen, Walter Tso ou encore Pauline Wong dans des tout petits rôles, voire des caméos. Avouez que l’amateur de ciné HK a de quoi avoir le kiki tout dur non ? Et si on rajoute un des membres du clan Yuan (Brandy) à la réalisation, Yuen Wah aux scènes d’action et en plus que ça sort des studios Bo Bo Films de Sammo Hung, sur le papier, il y a de quoi faire une crise d’apoplexie. Pourtant, force est de constater que même chez les fans de l’ancienne colonie britannique, c’est un film un peu oublié. Ce n’est certes pas le film du siècle, mais il est éminemment sympathique.


Tout d’abord, le titre est clairement trompeur. Il ne s’agit pas de trois personnages qui vont se retrouver seuls face au reste du monde, mais trois personnages qui vont s’affronter tout le long du film, un peu à la manière du Bon, La Brute et le Truand. D’ailleurs, les personnages pourraient même leur correspondre un peu en termes de comportement. Three Against The World va tourner autour d’un manuscrit du Coran qui va attirer toutes les attentions. Charlie Chan, joué par Andy Lau, est chargé de le protéger coûte que coûte. Deux filous vont à l’inverse essayer de le dérober. D’un côté, nous avons Cho Fei San, interprété par Teddy Robin Kwan, et ses filles, de l’autre Ma Yun Lung, joué par Norman Chu, et sa fiancée qui désire par-dessus tout le récupérer. Le scénario va parfois partir dans tous les sens, enchainant tentative de vol ratée sur tentative de vol ratée, au point qu’il n’y a plus réellement de tension entre ces trois concurrents. La situation vire parfois même au grotesque dans la seconde moitié du film lorsque, un peu à la manière de Crazy Stone en 2006, plusieurs faux Corans sont utilisés comme appâts par les personnages (qu’ils sortent d’où, on ne sait pas), au point qu’au bout d’un moment on ne sait plus réellement qui détient le vrai Coran. Malgré tout, cela reste sympathique grâce des rebondissements et des situations parfois improbables qui font le charme de ce genre de production, soit parce qu’elles sont bien exagérées et pas du tout crédibles, soit parce qu’elles sont WTF et qu’elles l’assument. L’exemple le plus frappant étant ce passage où Wu Ma arrache son visage pour révéler celui de Yuen Woo-Ping, qui arrache son visage pour de nouveau révéler celui de Wu Ma. L’humour parfois complètement absurde vient amener un peu de piquant à un ventre mou en milieu de film dans lequel il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est le développement de certains personnages secondaires au final pas toujours utiles.


Ces personnages sont très nombreux et parfois vite expédiés, mais les relations entre les trois personnages principaux et les femmes qui les assistent sont malgré tout sympathiques. Dans ce mélange de comédie, d’action de romance et même d’un peu de gambling, il se dégage quelque chose de bon enfant, avec des gags qui vont souvent dans ce sens et même un duo loufoque au piano qui vaut son pesant de cacahuètes. La bonne humeur est de mise, jusque dans les scènes de baston ou de poursuites, même si on a de temps en temps l’impression que c’est artificiellement enjoué. On en vient enfin aux scènes d’action, certes au final peu nombreuses, mais malgré tout très intéressantes. Avec Yuen Wah aux manettes, c’était de toutes façons un gage de qualité. Ces scènes d’action sont dans l’ensemble réussies. Les chorégraphies sont bien, même si le montage cut ne plaira pas à ceux qui aiment les plans larges avec des séries de coups sans coupe, et on a même droit à quelques cascades typiques de l’époque qui font mal, très mal (ces cascadeurs sont fous). Andy Lau, qui n’est pas un acteur martial, nous prouve malgré tout qu’il en a sous le capot, même si on sent bien les moments où il est doublé. En parlant de doublure, on ne peut pas s’empêcher d’esquisser un sourire lorsqu’on découvre celle de Teddy Robin Kwan, plus grande que lui de bien deux têtes. Et puis vient le final, très réussi, découpé en plusieurs petits scènes : quatre minutes ultra intenses et hallucinantes, suivies de six minutes d’action fun dans un affrontement à trois des plus humoristique qui aurait pu figurer dans un film du trio Jackie Chan / Sammo Hung / Yuen Biao époque Dragons Forever. On ne pourra néanmoins pas s’empêcher de pester sur la non utilisation des talents martiaux de Chin Ka-Lok, un des artistes les plus doués de sa génération.


Bien qu’il ne soit pas le film le plus connu d’Andy Lau, Three Against The World est un sympathique divertissement comme Hong Kong en faisait pas mal dans les années 80, avec une bien belle brochette d’acteurs et des scènes d’action réussies.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-three-against-the-world-de-brandy-yuen-1988/

cherycok
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le 20 oct. 2022

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