"A l'arrivée du bateau, je m'enfuirai avec toi !"

Oh la belle critique toute pleine d'images et complète : (non sérieusement 31 pages ne rentrent pas en entier ici, la fin n'est pas disponible ailleurs que sur le lien) ->

https://miellez.wordpress.com/2022/11/07/titanic-lexpression-artistique-des-evenements-du-passe/

Parmi mes films préférés, Titanic est une exception. En effet, au milieu des films de fantasy, science-fiction ou animation, cette grande histoire d'amour dramatique fait un peu tâche.
Quand on m'a fait découvrir le film, j'étais un peu sceptique. Le fait que le réel bateau ait coulé, entraînant plus de 1500 morts, n'est un secret pour personne. Et, en sachant en plus que l'histoire d'amour était tragique, l'envie n'était que peu présente. Mais je l'ai quand même regardé et, tels Jack et Rose, je suis tombé amoureuse du film.
J'ai vite compris que mon attrait pour le film venait principalement du fait que le naufrage est raconté comme personne ne l'a fait avant. Les plans larges et effets spéciaux remplacent les scènes peu représentatives de beaucoup de documentaires (même si A Night to Remember / Atlantique, latitude 41° reste un très bon film, pour son époque, dont Cameron emprunte par ailleurs beaucoup de scènes, il n'en reste pas moins que le côté dramatique est beaucoup moins présent).
Pourtant, loin de ne regarder le film que pour la façon dont la catastrophe est retransmise, il faut dire que la mise en scène de Cameron, du début à la fin, est extrêmement divertissante et intéressante. Loin de n'avoir fait ce film que pour raconter le naufrage de ce paquebot, on sent son amour pour cette histoire et son envie d'y mettre son empreinte, de vouloir raconter une histoire d'amour (fictive, maman, fictive) qui aurait pu se dérouler pendant ce voyage.

Le film commence sur des images vieillies pour faire croire au spectateur qu'elles sont vraies (j'y ai cru pendant une bonne année), puis le titre apparaît sur un fond de mer. La musique, l'ambiance, tout est là : on sait qu'on va voir un film sur un drame qui s'est déroulé il y a plus d'une centaine d'année, et en plus de nous rendre triste dès le départ, les deux séquences métaphorisent bien le film. D'un côté on aura la joie, cette joie qu'ont ressenti les passagers en montant sur le paquebot le plus luxueux au monde, le plus grand, le plus beau, cette joie qu'on ressentira pendant la première moitié du film avec la rencontre de Jack et Rose. Et de l'autre, la mer, symbolisant là où a terminé ce bateau, et où terminera notre histoire : la deuxième partie du film nous parlera du naufrage en lui-même.

On découvre ensuite Lovett et son équipe à la recherche du Cœur de l'Océan.
J'aime souvent dire que les films possèdes trois grandes parties : une introduction qui pose les personnages et les problématiques, un milieu où l'on verra comment ce qui a été introduit se déroule, et une fin, où tout se conclu.
Ici, cependant, Cameron offre un dédoublement de l'introduction. En effet, ici, la partie en 1996 prend quasiment 20 minutes du film. On y découvre que peu les personnages (enfin on en découvre au moins quatre, mais seulement de vue, on ne sait pas vraiment quelle est leur histoire), hormis Rose, et l'on se perd dans ses flashbacks du bateau. Ensuite seulement, on nous présentera à une Rose jeune, son fiancé, sa mère, Jack, les membres de l'équipage du paquebot... Pendant une autre vingtaine de minute.
La première introduction ressemble donc grandement à la préface d'un livre, quelque chose que l'on découvrirait avant de réellement lire l'histoire.
Dans cette sorte de préface, donc, Cameron prend le temps de nous expliquer beaucoup de chose.
La première est de nous faire visiter l'épave du Titanic. Toutes les pièces, tous les objets que nous verrons, on les reverra dans le film (le salon de Cal, la poupée de Cora, le grand escalier...). Le plus important, cependant, ne nous est pas montré ici, et il s'agit du Cœur de L'Océan. Si ce dernier n'apparaît pas tout de suite en 1996 et qu'on ne le découvrira qu'à la fin, c'est parce qu'il symbolise Jack et que, lui aussi, il ne sera jamais mentionné en introduction, en étant pourtant le deutéragoniste de l'histoire.
Ensuite, on découvre qui est Rose et quelle a été sa vie (elle a été actrice, s'est mariée, a eu deux enfants et des petits enfants). C'est assez marrant mais là, si on prête attention, on comprend ce qui arrivera à Jack à la fin du film, puisque Bodine explique que Rose s'appelait Rose Dawson, donc avec le nom de Jack, mais qu'elle s'est mariée avec un dénommé Calvert... Bon il est vrai que le fait que Jack meurt à la fin du film est un secret aussi bien gardé que l'identité du père de Luke Skywalker, mais c'est un détail plutôt cocasse puisque quand le film est sorti, personne ne connaissait sa fin.
Rose découvre ses anciennes affaires, et principalement son dessin. Je trouve ce moment magnifique, on sent vraiment les émotions de Rose quand elle revoit ce dessin pour la première fois en 84 ans, quand elle revoit les yeux de Jack la dessinant, et qu'on nous offre un premier flashback de lui... En plus, Rose est ici au dessus de l'eau, un peu comme si Jack la regardait depuis le fond de l'océan.
Enfin, on nous explique comment le paquebot a coulé. Une chose très utile pour la fin puisque l'on n'aura jamais à se demander ce qui se passe, combien de temps il reste au bateau, pourquoi il se casse... En nous montrant ça, on sait se qui nous attend. Mais, de la même manière que Bodine, pour l'instant on a un regard extérieur, presque dénué d'émotion. Ce n'est qu'à la fin, en voyant les personnages que l'on apprécie tenter de se sauver et mourir au milieu de tout ce chaos que l'on ressentira ce qu'il s'est réellement passé.
A la fin de cette préface, Rose commence à nous conter son histoire à bord du paquebot. S'en souvenant dans les moindres de détails, elle devient narratrice de l'histoire (et pour une fois, une narratrice qui sert à quelque chose et qui a une vraie raison d'être là, car c'est souvent le problème lorsqu'on se sert de narrateurices.)

L'introduction démarre alors. On découvre Rose, élégamment habillée mais on la sentirait presque étouffée de tous ces habits. Elle est cachée sous un chapeau et on ne voit pas la totalité de son visage, ses vêtements la serrent, elle a des gants... On ne parvient quasiment pas à la distinguer car elle est sous un camouflage constant, pour tenter de ne pas montrer que sa condition ne lui plaît pas, mais ce camouflage l'oppresse. Rose-narratrice nous le dit, au fond d'elle, elle « hurlait ».
Pour bien démontrer ça, on nous surprend avec la sirène du paquebot et on transitionne avec Jack, qui, depuis le bar où il est, peut entendre cette sirène, comme lui ''entendra'' Rose hurler plus tard, comme il entendra sa détresse.

Durant cette scène on découvrira donc quasiment tout le monde : Rose, sa mère Ruth, son fiancé Caledon ''Cal'', Fabrizio, Lovejoy... Mais on découvre aussi un des points centraux du film : la différence entre les 1ère et les 3ème classes.
En découvrant le film, on pourrait se dire que Cameron a un peu trop caricaturé cette situation, de bout en bout du film. Or, si ça peut être le cas sur d'autres films, ici c'est totalement justifié. Dans son livre La nuit du Titanic (A night to remember en anglais), Walter Lord le dit lui-même : les 3ème classes n'avaient aucunes chances de s'en sortir. Ils furent oubliés, confinés, ou non guidés. Personne ne se soucia d'eux pendant que le paquebot coulait et on leur refusa d'accéder au pont des embarcations (réservé aux 1ère classes), ou même de monter dans les canots. Ils furent oubliés dans le dédale de couloirs qu'était le paquebot, et ceux qui sont parvenus à en sortir ne découvrirent à leur arrivée sur le pont que des embarcations déjà parties à la mer.
La meilleur chose qui illustre ça, c'est que si les femmes et les enfants ont été sauvés en premier, il y a eu plus d'hommes de 1ère classe qui ont été secouru que d'enfants de 3ème classe (il y avait 175 hommes de 1ère classes, 158 moururent et 57 furent sauvés, donc 67% d'entre eux, tandis qu'il y avait 79 enfants de 3ème classe, 52 moururent et 27 furent sauvés, donc 65% d'entre eux). Je pense qu'il était donc nécessaire et important que Cameron illustre ces nombreuses privilèges que certains possédaient ou non suivant les différentes classes de la société de l'époque et notamment celles qu'il y avait lors du naufrage du plus grand paquebot du monde.
Même si, en dehors de ça, je trouve ça plutôt drôle que j'ai mis des années à réaliser qu'il y avait bien une 2ème classe entre la 1ère et la 3ème, puisqu'on en parle jamais dans le film.
Donc, pour bien commencer à montrer ces différences, on voit les 1ère classes rentrer directement dans le bateau, marcher littéralement au dessus de tout le monde par la passerelle, et la lumière surexposée nous indique qu'ils sont presque les Dieux de la société, ceux qui régissent tout. Alors que, pendant ce tout, littéralement sous leurs pieds, les 3ème classes passent une inspection sanitaire, dans l'ombre, et on leur parle comme à des animaux (« Lève »).
Le film se paye le goût de nous montrer que Jack montant à bord n'est qu'un concours de circonstance et qu'il aurait très bien pu ne pas l'être. Il gagne par chance au poker, il est à deux doigts de louper le départ... Quand il dit « On est les fils de pute les plus chanceux du monde ! », c'est fait pour montrer qu'il s'agissait là d'un privilège, mais nous, le spectateur, on sait très bien qu'ils ne sont absolument pas chanceux.

La scène où Rose expose des tableaux dans sa suite est très importante pour définir le personnage et sa relation avec Cal.
En effet, elle dit que « cette pièce a besoin de couleur ». Quand tout le monde s’essouffle à dire que le Titanic est le paquebot le plus luxueux du monde, elle, elle n'y voit qu'une pièce sombre d'où la couleur ne peut provenir que de choses qu'elle aime. A ce moment là, elle ne porte plus son chapeau, signe que ses tableaux sont très importants pour elle.
Quand Cal arrive et dit que les tableaux ne sont qu'une perte d'argent, on comprend de suite que le couple n'est déjà pas en accord, qu'ils n'ont pas de goûts communs. Hors, c'est une chose assez importante pour un couple que de pouvoir se parler de choses que les deux aiment...

S'il y a quelques petites choses que je dois redire à propos du film, en voilà une. Le traitement d'Ismay est très bancal. En effet, même s'il est vrai que le président de la White Star Line avait proposé au Commandant Smith de pousser la vitesse du bateau pour arriver plus rapidement à New York, le mardi soir au lieu du mercredi matin, la plupart des passagers de 1ère classe ne parlait aussi que de ça et tout ça a pu influencer l'équipage. Il est présenté comme un homme couard, peu intelligent et snob et je trouve ça plutôt irrespectueux... La prise de position est vraiment là, est on aurait pu s'en passer puisque Caledon remplissait déjà le rôle.
Pendant le dîner, on nous pose les bases de la relation entre Rose et sa mère. Cette dernière pousse sa fille à agir comme une femme de 1ère classe en lui disant ce qu'elle doit faire, ou non, et comment elle doit se comporter. Quand Rose se met à fumer, que sa mère lui fait remarquer qu'elle n'aime pas ça et que Caledon lui retire la cigarette, Rose est littéralement prise dans un étau entre sa mère et son mari, qui sont à sa droite et sa gauche. Elle parvient à s'en échapper, métaphoriquement, sort prendre l'air, et aperçoit pour la première fois Jack. Pour symboliser que ce sera lui qui la sauvera de sa situation, elle le regarde, porte son regard à l'horizon car en temps que femme de la haute société, une personne pauvre ne devrait pas être digne de son attention, mais elle lui jette alors un second regard en coin, qui n'est pas très 1ère classe, puisque sa posture et ce regard ne sont pas très distingués.

De plus, si, dans la scène précédent, Jack offrait de sauver la vie de Rose par sa vie, Cal ici offre d'enfermer la vie de Rose avec de l'argent. Ce moment sera encore mis en parallèle avec la scène d'après, où Jack dit à Rose qu'il n'a « rien à lui offrir ». Or, de son point de vue, Jack peut lui offrir la liberté, les voyages, faire ce qu'elle veut quand elle veut, là où l'argent de Cal ne fera que l'enfermer davantage. Ici c'est parfaitement montré par le fait que dans la plupart des plans, Rose n'est vue que dans le miroir : elle n'est, aux yeux de Cal, que ce qu'elle essaye de montrer, une petite femme bien gentille de 1ère classe, or cette condition l'emprisonne.
En fait, le plus gros contraste vient de Cal qui dit à Rose « Nous sommes de rois ». Pour lui, ce diament qui appartenait à un roi symbolise le fait que si ils sont riches, ils sont des rois, des maîtres, des Dieux. Ils ont de l'argent, ce qui pour lui fait tout. Et, à côté de ça, on avait une scène plus tôt où Jack se trouvait à l'avant du bateau et hurlait « Je suis le roi du monde ! » (« maître du monde » en français). Pour Jack donc, pas besoin d'argent pour être roi, il suffit d'être libre, de se sentir voler, aller ou bon lui semble, quand il veut.

La scène est amusante puisque les deux sont très sérieux sur cette leçon, presque comme s'il s'agissait d'une leçon de bonne conduite de 1ère classe. Elle devient encore plus drôle lorsque les dames de ladite classe arrivent et que Jack a de la bave sur le menton...
Les deux se rendent au dîner, et un plan sympathique quoique peu subtile montre Jack embrassant la main de Rose avec, entre les deux, l'angelot présent au milieu de la cage d'escalier. Ce dernier pourrait représenter Cupidon, le dieu de l'amour, pour montrer les sentiments naissants entre les deux personnages. Mais il peut aussi représenter un angelot tout simple, et celui-ci tourne le dos à Rose, qui ne mourra pas, alors qu'il fait face à Jack, qui lui périra.
La scène est là encore vraiment mignonne puisque Jack s'amuse des comportements maniérés des 1ère classes, montrant ainsi à une Rose souriante que si il ressemble à une 1ère classe, il n'en ferait jamais parti pour tout l'or du monde.
La transition entre la soirée de 1ère classe et celle de 3ème est là aussi plutôt drôle, et c'est voulu. A côté des conversations légèrement amusées et de la musique classique, la fête irlandaise bat son plein dans un chaos déboussolant mais libérant. Rose et Jack dansent ensemble et ce dernier lui dit de ne pas réfléchir, de se laisser aller à la musique, quand la jeune femme lui dit qu'elle ne connaît pas les pas. Là encore, il y a une nette cassure entre le côté des riches, qui doivent tout apprendre, même la danse, pour bien se faire voir, et celui des pauvres où le désordre désinvolte est un vrai échappatoire et un vrai amusement.
Rose s'amuse comme jamais, et on passe d'un plan à la première personne, avec de la musique étourdissante et des cris de joies au fumoir de première classe dont le silence est presque malaisant. Leurs occupants sont censés s'y amuser mais le film nous fait bien comprendre que l'amusement ne se trouve absolument pas dans ce lieu enfumé et dérisoire.
Une seconde coupure a lieu entre la fête irlandaise où une chenille se créé et le petit-déjeuner de Rose et Cal qui se fait en silence. Entre Rose qui vit comme elle ne l'a jamais fait, réalise un petit tour en se tenant sur ses doigts de pieds et en disant « J'avais pas fait ça depuis des années ! » (montrant ainsi que ça fait des années qu'elle est emprisonnée par sa classe depuis des années, qu'elle n'avait pas le droit de le faire) rigolant avec Jack, et la scène du petit déjeuner avec Cal où elle se tient droite, silencieuse, polie, et accablée, le moment est vraiment marquant.

La violence de son fiancé et l'ultimatum de sa mère vont lui faire prendre un chemin inverse : ils lui font comprendre tous les deux à quel point son comportement est égoïste puisqu'elle doit faire honneur à Cal et se marier avec lui afin que sa mère ne finisse pas à la rue. Des comportements tout à fait inverses à Jack qui lui ne lui demande rien en échange de son amour.
Sur le pont des embarcations, on nous explique pour la première fois qu'il n'y a pas assez de canots de sauvetage pour tous les passagers. En un sens, c'est important pour les spectateurs d'avoir cette information, mais d'une autre, quelque chose qui m'avait vraiment surprise en lisant des livres sur l'histoire du Titanic, c'est que les passagers, eux, ne savaient pas qu'il n'y avait pas assez de canots. Ils passèrent la nuit du naufrage à rassurer leurs familles et se rassurer eux-mêmes en disant que le paquebot avait assez de canots pour tout le monde. Peut être aurait-il plutôt fallu garder cette information pour les personnages tels qu'Andrew, le commandant Smith et Bruce Ismay, afin que les personnages que nous suivons ne le sachent pas.
Si vous vous demandez pourquoi il n'y avait pas assez de canots, c'est assez simple. Comme le dit le film, il y avait le côté esthétique qui a fait pencher la balance. Mais pourquoi la compagnie n'a-t-elle pas obligée les constructeurs à en mettre ? Eh bien, une loi datant de 1894 dictait que le nombre de canots et leur capacité devait être calculé en fonction du tonnage du navire sur lequel ils étaient. Cette loi là était faite pour les bateaux dont le tonnage faisait à peu près 10 000 tonneaux : ils devaient être équipés d'au moins 20 canots dont la capacité était de presque 1000 personnes. Cependant, la loi n'avait pas été pensée avec les augmentations rapides de la taille des paquebots modernes de l'époque. En 1912, elle régissait encore tandis que le Titanic était lancé avec la capacité minimale de canots de sauvetages (soit 20 présents pour 1178 personnes contre 2200 passagers) alors que son tonnage était de... 46 300 tonneaux.
La White Star Line n'a donc pas défié la loi et s'en était tenue à ce qu'elle disait, réduisant le nombre initial de canots qui était de 64 à 20. Ajouté à ça la mauvaise organisation de l'équipage pour l'évacuation du navire (personne ne savait vraiment comment faire et les essais du dimanche avaient été annulés par le commandant Smith) et le fait que personne ne voulait lancer de mouvement de panique, entraînant l'effet inverse et la non-disposition des passagers à se lancer sur de petites coques de noix sur l'Atlantique, cela explique pourquoi il n'y aura eu qu'environ 700 rescapés.
Revenons en au film. C'est ici que Jack, en volant une veste de personnes de 1ère classe (d'ailleurs, la scène qui se déroule là est une vraie scène immortalisée par un photographe présent sur le paquebot, qui est descendu en Irlande avant de traverser l'Atlantique) parvient à retrouver Rose. Il verbalise ce que sa famille lui font, ils l'ont « prise au piège ». Rose refuse, et, quand elle part, elle se retrouve derrière une vitre dépolie pour indiquer comment elle voit son dilemme avec Jack : elle sait qu'il est là, mais elle ne peut pas l'atteindre comme elle le voudrait, le voir comme elle le voudrait, à cause de sa position. Dans le plan, on la voit une fois encore au milieu de barreaux, montrant ainsi qu'elle s'est réellement prise au piège.

Nous avons une petite pause dans leur histoire quand on se retrouve à la barre où le capitaine Smith et l'officier en second Lightoller ont une conversation à propos de la vitesse et des icebergs, chose qu'il s'est réellement produite sur le navire.
D'un point de vue historique, cette scène est importante. En effet, même si le film ne nous l'a montré qu'une fois, le Titanic a bien reçu de nombreux avertissements quant à la présence de glaces et d'icebergs. Et, même si certains messages n'ont pas été transmis au commandant, soit par oublie des radiotélégraphistes, soit par désintérêt (comme celui de Bruce Ismay avait en sa position et a oublié de lui remettre), tout le monde savait qu'ils approchaient d'un champ de glace. Une zone avait été déterminée sur une carte grâce aux divers télégraphes reçus dans la journée, et il avait été prévu que le Titanic entre dans cette zone vers minuit.
Malheureusement, aucun de ces messages ne fera ralentir le géant des mers.
Même l'apparition du Rappabannock, un navire britannique venant de sortir dudit champ de glace, n'a rien changé. Ce bateau qui, à vitesse réduite et avec beaucoup de précautions, est sorti de la zone des icebergs avec un gouvernail endommagé a croisé le Titanic à 22h30, soit une heure vingt avant que ce dernier ne heurte l'iceberg. Les deux se sont envoyés des messages et le Rappabanock a signalé au navire de la White Star Line ce qu'ils venaient de traverser. Pourtant, après son passage, les machines sont tout de même poussées à fond.
Pourquoi n'a-t-il pas arrêté les machines pour la nuit, tel le Californian présent à quelques miles de lui, ou tout au plus ralenti ? Personne n'aura jamais réellement la réponse. Il est vrai qu'à l'époque, les incidents de paquebot heurtant des icebergs ne sont pas du tout nombreux, principalement parce qu'ils sont évités ou sans grande gravité (durant le réel naufrage, de nombreux passagers savaient que le navire avait heurté de la glace, mais personne ne s'en inquiétait). Toujours est-il que le Titanic fonce à toute allure vers l'iceberg fatal.

Les petites scènes dont l'on dispose sont quand même très sympathiques, notamment quand on voit le regard dans le vague de la plupart des passagers, notamment de Rose, quand on voit Caledon accepter de l'alcool à ce qui ressemble un passager de 3ème classe, et bien évidemment quand on voit que Lowe est le seul à être toujours en action en essayant d'attirer l'attention du Carpathia. Il est vraiment représenter en tant que héros ici et il faut avouer qu'il a fait un travail plus qu'exemplaire durant la nuit, arrimant cinq canots ensemble, revenant sur les lieux du naufrage, allumant des feux toutes la nuit et étant même le seul à monter la voile dans son canot, afin de pouvoir parvenir plus rapidement sur le Carpathia pour aider les personnes qui souffraient du froid dans son canot.
Il me semble important de préciser qu'à ce moment-là du film, je suis une fontaine, et cette fois-ci pas parce qu'un pauvre homme s'est pris une hélice en tombant.
Quand on voit Rose, sur le Carpathia, regarder passer la Statue de la Liberté, le symbolisme est beaucoup trop fort pour mon petit cœur. Jack a été sa Statue de la Liberté, il a été celui qui lui a montré qu'elle pouvait choisir comment vivre sa vie, qu'elle n'était pas obligée de rester prisonnière de tout ce qu'elle vivait.
La Statue matérialise, à ce moment-là, la nouvelle vie qu'elle aurait dû vivre avec le jeune homme, tel qu'elle le disait au milieu du film : « A l'arrivée du bateau, je m'enfuirai avec toi ! ». Le Titanic devait arriver à cet exact endroit, et elle aurait dû s'enfuir avec Jack devant cette statue. Or elle y arrive seule. Elle déclare toutefois s'appeler « Rose Dawson », car sa nouvelle vie commence ici, cette vie qui n'aurait pu exister sans Jack.
Pour ceux qui se demanderaient si certaines personnes comme Caledon n'auraient pas pu retrouver la trace de Rose grâce à ce nom, il faut savoir qu'on ne sait même pas combien exactement il y avait de passagers sur le Titanic.

Miellez
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le 12 déc. 2022

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