Il est très difficile de ne pas être indulgent avec Woody Allen, il a fait rire et touché tant de spectateurs depuis des décennies que nous sommes (malheureusement) prêts à tout lui pardonner. Oui mais non. C'est peut-être plus ou moins objectif, mais To Rome With Love pourrait bien constituer le plus gros échec artistique de sa carrière. La frustration le dispute à la colère, tant on sent qu'il y avait le potentiel tant du point de vue de l'histoire que de la ribambelle d'acteurs qu'il aligne comme toujours. Pourtant, on a l'impression que pour certains, tourner avec Woody Allen permet, comme une ligne sur un C.V., d'affirmer que l'on a un jour fait du cinéma d'auteur et de se refaire une virginité artistique. Penelope Cruz joue, une fois de plus les allumeuses incendiaires et insipides et Alec Baldwin n'en fini plus de mal vieillir, perdu derrière les kilos qui ne cessent de vouloir s'accumuler, en particulier sur son visage qui semble alors figé en une expression d'étouffement. Il n'était pas un immense acteur du temps de sa jeunesse, ça n'a fait qu'empirer. Roberto Benigni, comme à son habitude, gesticule, vocifère bref, il est éreintant. Le cas Ellen Page, décidément elle paraît toujours être la Keanu Reeves féminine, coincée dans un jeu monocorde et incapable d'avoir la moindre intensité dramatique, il lui manque cette étincelle qui sublimerait un jeu toujours trop plat et on sent que c'est tout ce qui lui manque, le jour où elle l'aura... Quant à Woody, il joue à Woody.

Woody justement, qui plombe littéralement son film en croisant trois histoires plus ou moins intéressantes mais n'ayant absolument rien à voir entre elles. Le bas blesse à deux endroits. L'intérêt de ces histoires, comique entre autres, est vraiment très inégal. Il n'y en a en fait qu'une qui suscite l'intérêt, pas seulement pas ses ressorts humoristiques, mais également dramatiques. On aurait presque désiré qu'il s'en tienne à celle-là et la développe sur tout un film.

Il ne maîtrise pas ses trois histoires, le rythme est mauvais, il insiste sur des aspects inintéressants et ne développe pas les bons personnages. Le fait que ces histoires sont dissociées empêche toute possibilité de liens et de renvois qui auraient crée une certaine continuité dans la narration et aurait éveillé l'intérêt du spectateur. Pour être tout à fait juste, il faut lui concéder un lien commun, la ville de Rome. Ce qui ne sauve pas les meubles.

On sort de ce film avec un sentiment de gâchis, parce-qu'on a ri à certains moments et une colère sourde envers ce réalisateur qui grille un authentique potentiel dans de mauvais choix d'acteurs et une trop grande gourmandise narrative. C'est dommage et pour ma part ça ne restera pas impuni.
Jambalaya
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le 23 janv. 2013

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