TONI ERDMANN (2016) de Maren Ade

❤️❤️❤️❤️


Cette formidable chronique familiale sur le fil entre père et fille nous présente Winfried, père facétieux qui rend une visite inattendue à sa fille Inès, véritable working girl d’une grosse boîte à Bucarest.

Véritablement plébiscité par la presse et le public lors du dernier Festival de Cannes, cette œuvre iconoclaste débarque sur nos écrans. La réalisatrice allemande connue pour l’excellent et anticonformiste "Everyone Else" (2009) (récompensé au Festival de Berlin par l’Ours d’argent, Grand Prix du jury et prix d’interprétation féminine pour Birgit Minichmayr) revient avec cet ovni de 2h42m oublié du palmarès de Cannes. D’emblée la mise en scène nous présente Winfried lors d’une première situation burlesque qui nous plonge directement dans l’état d’esprit du film, déroutant !

La spirale infernale commence par nous emmener vers une description classique du conflit intergénérationnel avant de ne cesser de nous surprendre à partir de la moitié du film. La mise en scène régulièrement caméra à l'épaule pour mieux souligner les déséquilibres, souvent proche des comédiens, tourne autour et s’amuse régulièrement avec les spectateurs par des hors-champ en mode « où es Toni ? ».

Ce récit de la reconquête d’un amour filial, par le biais d’un personnage inventé « Toni Erdmann », offre des montagnes russes d’émotions, les scènes mêlent les inventions, les rires et les larmes, n’oubliant pas au détour de cette fresque subtilement impudique, de faire une critique sociétale et social assez judicieuse sur le monde du travail.

La réalisatrice tourne le dos au psychodrame, ne tombant jamais ni dans la mièvrerie et le pathos pour nous offrir l’un des plus beaux portraits sensible d’un père qui essaye d’inculquer dans un dernier espoir le véritable sens de la vie à sa fille qu’il sait malheureuse en ré-enchantant de façon clownesque son quotidien.

Plus le scénario très brillant se dévoile plus le film prend de l’ampleur, plus cette comédie loufoque amplifie nos fous rires en étreignant nos cœurs par des scènes qui resteront longuement dans les mémoires de tous les cinéphiles (notamment la fête d’anniversaire d’Inès…). Ce long métrage est totalement sublimé par l’interprétation stupéfiante, sensible, loufoque, au poil du comédien de théâtre autrichien Peter Simonischek, face à lui Sandra Hüller livre une performance en grand écart à la fois pudique, sans retenue en totale osmose avec son personnage.

Cette farce douce-amère n’utilise aucun artifice inutile, peu de musique pour souligner des émotions, le film si bien écrit n’en a pas besoin. Venez vibrer lors ce film fleuve où l’humour est la politesse du désespoir.

Découvrez ce surprenant «Toni Erdmann», un condensé de vie intime et universel. Imprévisible, pertinent, impressionnant, mélancolique, excentrique et bouleversant !

seb2046
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le 21 sept. 2016

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