La justice a trouvé son shérif.

Qu'est-ce qui vous fait peur à ce point-là ? Un cadavre, ou cet homme blessé ?

Un innocent sacrifié par toute une ville pour masquer le péché d'un père.

Johnny Reno, de son titre français Toute la ville est coupable (merci pour ce titre qui spoile toute l'intrigue) est un western produit en 1966 par AC Lyles chez Paramount. Réalisé par R.G. Springsteen, celui-ci livre un long-métrage du genre au-dessus de la moyenne pourvu d'une réalisation un minimum soignée, où les fusillades et autres bagarres s'enchaînent avec sympathie même si l'essentiel vient de son histoire intrigante.

Ce western est comparable à deux films dont le scénario est assez similaire. Une construction scénaristique que l'on retrouve dans Le peuple accuse O'Hara de John Sturges et Le Sergent noir de John Ford, où là aussi une ville accuse une personne de meurtre et le seul à le croire innocent est un représentant de la loi venant d'une autre contrée. Malgré tout, celui-ci possède une structure un peu plus éloignée des autres.

Hormis une sobre introduction ainsi qu'une fin un peu trop facile sur sa dernière séquence le tout appuyé par une mélodie assez kitsch, ce western tient bien la route avec un thème principal sous forme d'enquête intéressante à suivre (malheureusement spolié par ce foutu titre français), conduisant à une résultante symbolique autour de la justice. La mise en scène manque un peu d'éclat, s'avérant assez banale dans une multitude de plans sans relief.

Toute la ville est coupable est un récit plein de rebondissements, réservant quelques surprises pour une histoire certes assez axiale sur sa droite conduite de la loi et de la justice par le shérif Johnny Reno, alias le Judge Dredd du temps des westerns "la loi c'est moi, et l'ordre", formaté de manière bien entendu moins grossière.

En découle une ambiance réussie autour des idées préconçues et autres partialités, où la tension monte au fur et à mesure que les habitants se préparent à passer à l'offensive contre le shérif pour abattre le prisonnier.

Un casting assez remarquable d'anciennes stars avec Dana Andrews, Jane Russell, Lon Chaney Jr, John Agar, Lyle Bettger, Tom Drake, Richard Arlen, Robert Lowery... Des acteurs de stature bien dirigée formant un lot parfait pour ce petit western.

Dana Andrews incarne avec efficacité un shérif d'une droiture exemplaire possédant un lourd passif qu'il rachète par sa conduite. Lorsqu'il apprend qu'il a tué un innocent (même s'il faisait que se défendre) il va essayer de se racheter en protégeant et innocentant son frère que la ville veut mettre à mort afin de le faire taire et se protéger de la vengeance des Indiens. Manquant un peu de nuance, il peut compter sur la comédienne Jane Russel (ici un peu sous-employée) pour lui apporter plus d'humanité.

Lyle Bettger dans le rôle du maire pourri s'en sort étonnamment ! En antagoniste principal il amène beaucoup de fond dans son rôle de père aimant sa fille plus que tout mais ne supportant pas de la voir en couple avec un Indien, non pas par racisme, mais parce qu'il en a aimé une autrefois avec qui cela s'est mal fini, chose qu'il ne veut pas pour sa fille. Certes, il reste un gros salopard mais avec de la subtilité, nuançant le tout. Sa mort est des plus ironiques, se prenant le pied dans le nœud coulant étalé au sol, à la base réservé pour pendre le pauvre innocent. La justice est moqueuse.

CONCLUSION :

Toute la ville est coupable est un bon petit western bien sympa émaillé de nuances manquant un peu de technicité, appuyé par d'anciennes stars faisant le boulot. Le récit possède une histoire bien construite en dépit de quelques facilités mais s'avérant intelligente. Aurait pu être encore mieux avec un peu plus de moyens, seulement, pour un si petit budget c'est vraiment pas mal.

Une oeuvre à voir par curiosité, marquant la fin du western classique.