Mitchum et le gros chat!

Regarder un western de Wellman, c’est ce préparer à regarder un western qui sort de l’ordinaire. On lui doit The Ox-Bow Incident (1943) ; Yellow Sky (1948) ; Westward the Women (1951), tous des westerns que j'ai beaucoup aimé. J’abordais celui-ci avec beaucoup d’attente d’autant que Robert Mitchum fait partie du casting ! La moyenne sur SC est plutôt basse, mais j’ai l’habitude de ne pas m’y fier…

Track of the Cat démarre plutôt bien. L’intrigue se noue autour d’une panthère mystérieuse et d’une famille isolée dans le nord de la Californie. La panthère rôde au dehors, mais elle hante surtout les esprits, les rêves et les imaginations du vieil indien qui habite la maison, et des deux frères aînés. Cette panthère, lourde menace que chacun imagine à sa façon et qui déchire le bétail, est comme un symbole de ce qui pèse sur cette famille aux rapports toxiques ! Les paroles fusent, toutes plus assassines les unes que les autres. Les relations sont pourries, les non-dits, les trop-dits et les mal-dits pèsent une tonne et règnent dans cette famille composée de trois fils, une fille, tous adultes, et le couple. Pour complexifier ces rapports déjà exécrables, s’ajoute une jeune fille présente pour quelques jours et que le plus jeune prévoit d’épouser sans s’être encore déclaré. A l’intérieur de cette famille malade dominent la mère acariâtre à la piété mortifère et le deuxième fils, Curt (Robert Mitchum), qui déverse sans interruption ses railleries sur les uns et les autres. Mais quand la rancœur des autres membres explose ce sont des paroles noires qui se déversent :

Tu te prends toujours pour Dieu le Père ! Cette maison est pourrie avec tes dieux et ceux de Curt : l’orgueil, l’argent et la convoitise !

Ces paroles de l’unique fille de la famille sont prononcées dans la pièce où trône le commandement biblique : « honore ton père et ta mère » derrière lequel le père réussit à retrouver la bouteille d’alcool que sa femme a caché. Et lui aussi en rajoute une couche :

Tu es coincée, voilà. Tu l’as toujours été et tu le seras toujours. Je dois boire pour oublier que j’ai épousé une coincée.

Ce sera seulement au bord d’une tombe que des mots bienveillants seront prononcés, paroles que le spectateur reçoit, pour sa part, du fond de la tombe. Comme si les vivants n’étaient pas du côté des survivants : ceux qui sont hors de la tombe et qui sont peut être les véritables « morts » de l’histoire, incapables d’aimer ou de se dire l’amour, ou bien incapables de dire ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent.

Parallèlement à ces scènes familiales, se déroule la traque de la panthère que les deux aînés sont partis chasser. Les traces sont là et quand elle attaque, c’est en hors champs, renforçant son mystère. Mais malheureusement ce poids de mystère finit par retomber car de la panthère, on ne verra jamais rien et de ses attaques pas grand chose. Quant au drame psychologique il s’avère être une montagne qui accouche d’une souris !

Une fin vraiment décevante et plate d’une histoire qui avait de la substance et qui laisse place à une grande déception. A cela s’ajoute une musique omniprésente et lourde qui fatigue et le regret que les magnifiques paysages montagneux du nord de la Californie ne soient pas exploités, le film ayant été tourné en studio.