Dans Trahison, le dernier film d'un genre très à la mode, l'extraordinaire Don Cheadle d'Hotel Rwanda troque le costume trois-pièces et les aspirations humanistes pour naviguer dans les eaux troubles du terrorisme fanatique et des services secrets. On aurait pourtant pu attendre mieux de l'acteur, habitués aux films de Soderbergh, que ce film que certains jugeront alimentaires. Avec peut-être l'idée que, même quand on est une star, il faut bien payer ses factures...
L'histoire est, il est vrai, un peu toujours la même. Il faut comprendre l'Amérique traumatisée du 11 septembre, qui voit dans chaque pays du Moyen-Orient un vivier de terroriste près à mettre la planète à feu et à sang. Et il faut aussi comprendre ce fantasme citoyen que les scénaristes savent retranscrire, celui d'une Amérique capable et puissante, dont les hommes oeuvrent chaque jour dans l'ombre et l'humilité pour le bien-être de l'Humanité. C'est un peu ça, que nous offre le cinéma US dans ses films d'actions : des héros qui ne passent pas à la télé, des musulmans radicaux qui recrutent dans les prisons et les mosquées, et une victoire permanente du bien sur le mal : le cinéma fait sa revanche !
Pour Trahison, Cheadle est un agent infiltré au point que même son gouvernement ne se doute de rien, et que le FBI cherche à lui mettre la main dessus. Il intègre un réseau islamiste perpétrant des attentats à travers le monde, visant des intérêts américains. Et c'est notre petit frenchy Saïd Taghmaoui qui s'occupe de le recruter et de l'embarquer dans ses actions terroristes. On peut au moins être fier que le français, qui s'en tire très honorablement en dehors de l'hexagone, se voit confier l'un des rôles principaux du film. Même si on s'interroge évidemment sur sa filmographie, constituée pour l'essentiel de rôles « typés », l'utilisant avant tout pour ses origines ethniques (il se coltine tous les rôles de terroriste).
Bref, Trahison est donc un film que vous pouvez aller voir en cas d'ennui, en cas de tempête, ou en cas de désir très violent.