Il y a comédie et comédie. Celle qui fait rimer rires et lourdeurs, gags et caricatures. Puis il y a les autres, les premiers films, les créations, les réussites (Radiostars, Comme des frères), où Tristesse Club vient s'ajouter à cette belle liste. Bruno et Léon doivent se retrouver dans leur ville natale pour l'enterrement de leur père. Ces deux hommes feront la rencontre de la mystérieuse Chloé, seule personne présente pour cette triste occasion.

À une période où les vannes vaseuses sont légion pour faire rire le public, nous faisons l'éloge de cet humour salvateur. Fin et basé principalement sur ses personnages et leurs défaillances, ce récit a trouvé le secret de la réussite : ne pas faire rire à tous prix mais réfléchir sur ce que sont vraiment ces protagonistes, leurs identités, leurs secrets ainsi que leurs désirs. Ils ne sont pas drôles parce qu'ils sont grossiers, mais seulement parce qu'ils sont ensemble. La comédie est un travail d'équipe, et nous avons trop tendance à l'oublier.

À l'heure où la mise en scène est laissée de côté dans ce genre cinématographique, on trouve Vincent Mariette (nouveau réalisateur à suivre) et son soucis formel. À tendance fortement pop, son œuvre n'est composée que de maisons hybrides (ronde, rectangle) à l'image de son film, mélangeant sans cesse les genres. Le polar, le drame, le fantastique et la comédie vous emporteront dans un tourbillon de sentiments harmonieux et très salutaires.

À une époque où l'on critique le cinéma français pour son manque de prise de risque, nous pensons à Tristesse Club. Le scénario fait attention à ses personnages en les soignant et leur donnant une âme. La maturité scie parfaitement bien à Sagnier, tandis qu'on prend un plaisir fou à voir Lafitte dans un rôle plus sombre et mélancolique. Enfin, Vincent Macaigne est depuis La fille du 14 juillet la révélation du cinéma français. Sa voix fluette et son allure ridiculement exquise lui donnent le don d'exposer toutes ses tripes. Il a ce quelque chose que les autres n'ont pas : un talent démesuré dont il n'a pas conscience. Ce qui fait le charme des plus grands.
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le 11 juin 2014

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Hugo Harnois

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