10 ans que l'on attendait le retour de Mel Gibson. 10 ans où l'acteur/réalisateur s'est vu devenir le mouton noir d'Hollywood, plus fascinés par ses dérapages que par ses talents. Et dieu sait que le bonhomme n'en est pas dépourvu. Avec Tu ne tueras point, Mel réalise une oeuvre incroyable, brutale et passionnante qui prend une toute autre dimension quand on sait quelle est tirée d'une histoire vraie.
Le film se découpe en deux parties : une première qui pose les personnages, installe l'ambiance, avant d'attaquer la deuxième partie, brutale, puissante, héroïque.


J'ai lu quelques critiques qui se plaignaient d'avoir une première partie un peu "gnangnan" face à une deuxième partie beaucoup plus magistrale. J'aimerai apporter ma vision des choses : dans cette première partie, on retrouve toute la beauté du cinéma de Mel Gibson, une sorte de poésie planante, de fragilité, de naïveté même à travers le personnage de Desmond Doss. On retrouvait également ce sentiment dans Braveheart, avec toute cette première partie quasiment bucolique de la rencontre entre les deux amoureux, leur mariage, avant le drame déclencheur qui fera passer William Wallace dans une nouvelle partie de son histoire. Le schéma se répète avec Tu ne tueras point : Gibson nous montre volontairement un quotidien banal, exagérément magnifié pour justement que le contraste avec la guerre soit encore plus effroyable. Pourtant, le réalisateur ne tombe jamais dans la niaiserie, avec ce talent incroyable de créer des oeuvres intemporelles. On sent une volonté du cinéaste de revenir à une forme de cinéma qu'on ne retrouve plus (ou si peu) : la beauté de l'instant, la poésie des amours naissants, la fragilité du moment présent, la vie simple (mais pas simpliste) capturé par de magnifiques plans, souvent ralenti.


La deuxième partie, quand elle arrive, n'en est que plus foudroyante. Le réalisateur filme avec une incroyable justesse des scènes de guerre d'une force quasi assommante. On a l'impression d'être avec ce personnage, sur ce champ de bataille, dans cet enfer. Et c'est là que tout le propos du film prend tout son sens : quand tout le monde veut vous faire abdiquer, comment continuer à croire au chemin qu'on a tracé? Le parallèle avec la carrière de Mel Gibson est assez simple à faire. Lui qui a reçu maintes critiques pour son cinéma dit violent, propagandiste, et j'en passe, continue pourtant de se battre pour ce en quoi il croit. Je reste assez peu touché par tout le propos sur la foi, la croyance, mais il se justifie tout simplement par la volonté de raconter la véritable histoire de ce soldat très croyant.


Je suis sorti bouleversé du cinéma. Retrouver l'un de mes réalisateur préféré, avec un film aussi fort me procure une joie immense. Il était important de raconter l'histoire incroyable de ce soldat, et il est encore plus jouissif de la voir raconter avec une telle beauté.
Malgré les apparences, malgré l'homme qu'il a jadis été, Mel Gibson reste l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération.

PierreVergeat
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le 13 nov. 2016

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