Considéré comme une des figures à controverse du septième art, Mel Gibson a toujours fait couler beaucoup d’encre et surtout de sang lors des sorties de ses films.
Absent des écrans depuis près d’une décennie, le réalisateur australien s’attelle à poursuivre une œuvre dans la veine de ses obsessions christiques, avec un corpus qui mêle la quête du spirituel à la fascination pour la violence.
Basé sur l’histoire vraie du soldat Desmond Doss, son dernier film, « Tu ne tueras pas », se concentre sur la destinée d’un homme voué à la confrontation de convictions inébranlables face aux atrocités belligérantes. Constitué de deux parties distinctes, le métrage appose une vision manichéenne autour de son protagoniste. Depuis la vision innocente, et quelque peu naïve, de son idéal de vie au sein de sa petite bourgade, Desmond Doss n’aura, en effet, de cesse de plonger progressivement dans l’enfer duquel il en ressortira comme un authentique héros de guerre.
Véritable figure christique assumée, Mel Gibson prend le temps, dans cette première partie, de nous dépeindre la psychologie et le background de son personnage (et notamment de son « péché originel » ). Guère aidé par l’interprétation « Simple Jack » d’Andrew Garfield au tout début du film, c’est une fois mis à l’épreuve de son authenticité et de sa valeur que l’improbable héros remporte la sympathie et l’empathie du public au-devant de sa destinée à venir, au milieu de l’apocalypse sur terre. Véritable plongée vertigineuse dans un monde de chaos et d’horreur, la seconde partie du film tient place d’acte de mise à l’épreuve de ses idéaux.
Depuis Voyage au bout de l’enfer, Apocalypse Now, Full Metal Jacket, ou bien encore Il faut sauver le soldat Ryan, rares sont les films à avoir dépeint avec autant de réalisme les horreurs de la guerre au point de marquer les esprits sur plusieurs générations. Sans doute fallait-il la folie d’un homme comme Mel Gibon pour telle entreprise, tant le cinéaste marque un nouveau chapitre dans l'histoire des batailles livrées sur l’écran.
Filmée avec force et passion, la violence de certaines scènes est d’un réalisme impressionnant, avec un style quasi-documentaire qui renforce parfois le caractère réel des situations. C’est au milieu de ce déchainement d’ultra-violence outrancière que le soldat Doss creuse son sillon, déterminé à sauver chaque vie agonisante sur son chemin. Véritable moment de bravoure lyrique, seules ces actions salvatrices, menées par cette figure cathartique, semblent faire sens dans ce malstrom de bruit et de fureur.
En dépit d’une mise en scène magistrale qui fait surtout la part belle aux chorégraphies guerrières, Mad Mel bâtit un véritable brûlot antimilitariste encore fumant sur les ruines d’un champ de bataille qui ne laisse plus qu’entrevoir l’absurdité de la guerre menée par tous les hommes.