U.S. Go Home
7.5
U.S. Go Home

Téléfilm de Claire Denis (1994)

"US Go Home" fonctionne un peu comme un piège : produit dans le cadre d'un projet télévisuel pour Arte, jamais adapté au cinéma, on l'aborde lâchement comme un téléfilm et avec tout ce que cela présuppose en terme de moyens, d'ambition, et de portée. Grossière erreur. Tel est pris qui croyait prendre : Claire Denis, dans la limite de l'espace qui lui est laissé, parvient à surprendre, à capter et retranscrire un petit quelque chose, un bref moment de la vie adolescente que beaucoup d'œuvres produites pour le cinéma ne parviennent même pas à évoquer.


On se consacre assez simplement à une soirée dans la vie d'une jeune adolescente et de son frère. C'est l'éternelle dispute avec les parents, "non tu n'iras pas danser", puis "pas toute seule en tous cas", pour se terminer sur "tu peux y aller, mais avec ton frère". C'est là le cœur du téléfilm, le couple formé par une ado et son frère, Alice Houri et Grégoire Colin. Ce dernier a droit à une scène assez mémorable de danse sur fond de musique des Animals, Hey Gyp (d'où le "Please give me some of your love" du titre est tiré). Très simple, mais naturel, très crédible, un moment qu'on croirait volé de notre propre enfance. La musique est d'ailleurs omniprésente dans "US Go Home", un peu trop présente par moments d'ailleurs : on comprend bien l'idée de décrire un état d'esprit par l'environnement sonore, à grand renfort d'Animals, Yardbirds, Sam The Sham, Otis Redding, Troggs, et autres pépites de la fin des 60s. Elle donne clairement une couleur particulière au film, mais c'est parfois un peu trop appuyé. Pour le reste, les différentes ambiances des différentes soirées par lesquelles passent les ados sont, encore une fois, très bien retranscrites.


Le film s'attache dans l'essentiel à décrire un état d'esprit, celui des soirées auxquelles on va quand on est un groupe d'ados, à la recherche de la fameuse première relation sexuelle. Le contenu est presque sociologique tant les rapports entre les différents groupes cristallisent l'attention : on se teste, on s'apprivoise, mais on ne sait pas exactement ce que l'on est venu chercher (ou on en a peur, plus précisément, une fois le moment venu). Une soirée, une danse, une tentative avortée, et une escapade nocturne en compagnie d'un soldat américain qui vire à l'onirique (hors-champ à l'appui) : le regard est très léger mais il parvient à capter un zeste de vrai et la douce amertume des expériences qu'on s'imaginait différemment.


The Animals, Hey Gyp : https://www.youtube.com/watch?v=a126NLcEi1o


[AB #136]

Créée

le 11 oct. 2016

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Morrinson

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