Tout a déjà été dit sur ce film - à l'image du jeu de mot foireux à la "c'est dans la boite, Lumet!" que je voulais nous imposer en titre - mais je ne vois pas en quoi cela m'empêcherait d'en coucher tout de même quelques mots. Et ça ne m'arrive pas si souvent d'être autant emballée.


Ne serait-ce que pour souligner la prestation géniale d'Al Pacino. On a beau ne pas en être surpris, il épate toujours. Ici un jeu tout en fragilité, sur le fil du rasoir car nous, comme Sonny le personnage qu'il incarne, à partir du moment où la porte du coffre est ouverte... on sait que c'est fichu ! Mais foutu pour foutu... l'homme n'a plus rien à perdre. Et c'est pas évident de s'avouer qu'on a merdé. Si vous n'avez jamais ressenti ça, tant mieux pour vous, sinon dans le cas contraire, l'empathie arrive à ce moment-là. Il nous fait aussi ressentir toute l'ambiguïté du personnage, surtout à la fin du film, car il n'est pas parfait, il est humain. Terriblement humain.

John Cazale, en comparse silencieux et angoissé, excellent également. Percutant lors de l'un de ses rares (voir seul ?) échange avec l'une des otages (encore plus lorsque l'on sait sa situation personnelle qui entrainera sa mort prématurée deux ou trois années après la sortie du film) il a une vraie présence à l'écran.

Et j'ai beaucoup apprécié Penelope Allen, la "cheffe" des caissières de la banque, grande gueule pas trouillarde pour deux sous, son personnage est très drôle.


Au final, je suis surtout époustouflée par le talent de Sidney Lumet. D'un fait divers qui certes, est ubuesque, mais qui tient quand même en trois ligne, il déroule deux heures d'un cinéma qui vous happe, vous parle, le tout sans esbrouffe. Juste du génie.

On rit, on stresse, on pleure... Après tout, n'est-ce pas pour ça qu'on regarde des films ? (bon : pour ça ET réviser ses techniques de survies en cas d'attaques de psychopathes à longs couteaux / zombies / etc.)

La personnalité de son (anti-)héros est de plus, un choix couillu.


Je ressors hantée par le regard de Pacino et habitée par la pensée que je n'ai pas vu assez de films de monsieur Sidney Lumet.




Pravda
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes précieux et Deux-mille-vingt-trois films

Créée

le 6 avr. 2023

Critique lue 45 fois

6 j'aime

Pravda

Écrit par

Critique lue 45 fois

6

D'autres avis sur Un après-midi de chien

Un après-midi de chien
zombiraptor
9

Braquage à lapin

Trois types qui braquent une banque, j'ai décidément un intérêt inlassable pour les scénarios anorexiques. Il n'y a qu'eux qui soient assez limpides pour l'expression d'une mise en scène sans nulle...

le 10 janv. 2015

115 j'aime

18

Un après-midi de chien
Mr_Jones
9

Un après-midi de chien ou "comment passer un put*** de bon moment"

Basé sur un fait divers réel qui s'est déroulé à Brooklyn durant l'été 1972, Dog Day Afternoon raconte un braquage où rien ne se passe comme prévu et relayé en direct par les médias télévisés. La...

le 8 sept. 2011

61 j'aime

Un après-midi de chien
Vincent-Ruozzi
9

Chienne de vie

Deux ans après leur première association dans Serpico, Sidney Lumet dirige à nouveau Al Pacino en acteur principal dans Un après-midi de chien. Retournant dans la jungle urbaine new-yorkais et son...

le 16 mai 2019

47 j'aime

16

Du même critique

Le Jour et la Nuit
Pravda
2

Et pourtant j'en ai vu des merdes.

Ce film, c'est l'histoire de gens qui passent leur temps à : boire, forniquer et faire des tours de montgolfière. La base, quoi. Je me disais que BHL n'étant pas le zigue le plus populaire du PMU du...

le 7 août 2014

146 j'aime

41

Plus belle la vie
Pravda
1

Plus belle la vie quand on a des gros seins

Errance hertzienne et voilà que je tombe sur… : Plus belle la vie. Série que j’ai moult fois critiqué sans jamais l’avoir regardé, et, dans un élan d’objectivité (ou de masochisme) je me décide à...

le 7 nov. 2012

130 j'aime

56

Crime et Châtiment
Pravda
10

"jeu de mot pourri ne faisant rire que son auteur et constituant un titre de critique"

Je pense que de ses trois œuvres les plus réputées (« Les frères Karamazov », « L’Idiot » et « Crime et Châtiment »), cette dernière est surement la plus accessible. Là où les digressions...

le 26 mars 2013

123 j'aime

21