Plagiat avéré envers Sergio Leone, et pourtant...



  • Capitaine Cordoba, je présume.

  • Oui. C'est ça.

  • Hum. Et moi je suis le Président des Etats-Unis. Tu es Aguila. Il y a une prime de 10 000 Pesos sur ta tête. Elle c'est Maria Pilar. Dites Maruca. Elle a pillée tous les Casinos de Mexico city. 5 000 Pesos de récompense. Et disons... 35 000 de plus sur la tête de tes hommes. Notre rencontre est une heureuse coincidence. Je pense qu'elle s'avèrera fructueuse.

  • Je suppose que nous devons parler. Mais de quoi ?

  • D'or.

  • Quel or ?



Un dollar entre les dents est un western spaghetti signé Luigi Vanzi sortie en 1966, premier volet d'une saga à succès de quatre films contenant "Un homme, un cheval et un pistolet (1967)", "Le cavalier et le samouraï (1968)" et "Pendez-le par les pieds (1975)". Ce premier long-métrage emprunte sans rougir à de nombreuses références visuelles et de personnages aux westerns de Sergio Leone : "Pour une poignée de dollars...", ainsi que "...Et pour quelques dollars de plus". Un petit mélange de plagiats version cocktail, avec lequel Luigi Vanzi obtient une version encore plus simplifiée de l'intrigue des deux films de Sergio Leone, parvenant malgré tout à tirer sa force de son rythme endiablé, son action généreuse, son contraste très violent, ainsi que de sa tension atmosphérique palpable. Luigi Vanzi parvient étonnamment et avec peu de moyens, à travers ses inspirations évidentes, à créer son empreinte personnelle (même si elle reste minimaliste). Grâce à cela, un dollar entre les dents réussit à ne pas être une mauvaise caricature, et parvient même à être un film un plus sympathique.


L'intrigue est simple : un jeune vagabond nommé "The Stranger", déguisé en capitaine de l'armée américaine, aide le bandit Aguila à prendre possession d'une grande quantité d'or, mais lorsque, dans le cadre de l'accord, il va réclamer sa part du butin, il est moqué et battu par les hommes de main d'Aguila. Déterminé à se venger et à récupérer l'or, "The Stranger" se lance à la poursuite d'Aguila ainsi que de ses hommes.Tout du long du récit s'ensuit un nombre de fusillade important et soyons honnêtes jouissifs pour certaines, durant lesquelles The Stranger flingue du sbire à tout va. Lui-même se retrouvera plus d'une fois en fâcheuse posture, se faisant piégé et brutalement torturé par un cassage de gueules dans les règles de l'art. La confrontation finale contre le gang d'Aguila dans la rue de la ville est particulièrement violente, rappelant la fusillade finale du film Django réalisé par Sergio Corbucci; étant sortie la même année, je laisse le bénéfice du doute au cinéaste quant à savoir s'il s'agit d'un autre emprunt. Toutefois, le duel final (tout à fait appréciable) entre Aguila et Stranger, tire son inspiration du duel entre L'homme sans nom et Ramon, heureusement avec quelques nuances bienvenues.


Le comédien Tony Anthony incarne le fameux «The Stranger», dont il reprendra le rôle dans les trois suites. Stranger est un inconnu sombre et mystérieux vêtu d'un poncho, ne dévoilant rien de son passé, n'ayant que quelques lignes à prononcer durant son périple. Personnage clairement plagié sur celui de l'homme sans nom incarné par Clint Eastwood. Néanmoins, Stranger se dénote "légèrement" via une vulnérabilité sous forme de lâcheté, ainsi qu'une légère sournoiserie faisant contraste le tout, avec un sens de l'humour sardonique lui permettant d'exister un minimum en tant que personnage à part entière, même s'il paraît assez fade pour le moment (à voir avec les suites).
Aguila incarné par Frank Wolff est un pourri autant caricatural qu'agréable, qui n'est pas sans rappeler (sans l'égaliser) ce bon vieux "El Indio" par Gian Maria Volontè. Aguila est un homme opportuniste et sans pitié (n'hésitant pas à tuer un bébé), prenant tout ce qu'il désire. Il est entouré de son gang, dont deux individus qui ressortent du lot, ses deux bras droits : "Marinero" et "Maruca".


Marinero est incarné par Aldo Berti, qui fait de son personnage un psychopathe amusant qui prend son pied à noyer ses victimes. J'aime les dialogues qu'il échange tout du long avec son boss, qu'il glorifie continuellement. Une fois encore l'inspiration est de guise vu qu'il s'inspire de "Juan Wild" dit "le bossu" incarné par Klaus Kinski dans "... Et pour quelques dollars de plus."
Maruca incarnée par Gia Sandri représente la véritable originalité du film. Elle est la femme d'Aguila, tortionnaire et sadique, elle prépare avec un sourire malsain les futures demoiselles qui seront violées par son homme. Son passe-temps favori : torturer les hommes (et peut-être aussi les femmes) à coups de fouet, sachant que lorsqu'ils sont recouvert de sang prêt à rendre l'âme, Maruca avec l'accord de son mec Aguila, les violes. J'adore ce personnage (bon, dit comme ça c'est clair que cela paraît étrange, mais je vous assure de mon intégrité).


Enfin, apparaît la comédienne Jolanda Modio, sous les traits de la belle Chica, qui durant tout le film ne prononce que deux mots. Néanmoins, elle livre une performance honnête, et forme un duo intéressant avec Stranger.


CONCLUSION :


Un dollar entre les dents est un western spaghetti réalisé par Luigi Vanzi qui emprunte (pour ne pas dire plagier) les idées les plus fonctionnelles aux deux premiers westerns mythiques de Sergio Leone, ce qui conduit le film à être terriblement impertinent et peu original. Toutefois celui-ci réussit à échapper à la caricature grâce à son réalisateur, qui parvient à insuffler une force en apportant son propre sens à l'impertinence, amenant une patte bien à lui à cette histoire pleinement archétypique, pourvu de décors minimalistes qui fonctionnent bien grace à des plans serrés laissant entrevoir un monde blafard, appuyé par la composition musicale de Benedetto Ghiblia qui essaye (tant bien que mal) de surfer sur le rythme d'Ennio Morricone. Le comédien Tony Anthony apporte son propre charme un peu désuet, car calqué sur le personnage culte de Clint Eatwood dont il est loin d'avoir le charisme et l'élégance.


Il n'en demeure pas moins qu'Un dollar entre les dents reste un western implacable et violent, pourvu d'un rythme effréné, garni en action généreuse, dont une troupe de méchant carrément à la hauteur. Une relecture suffisamment sympathique pour donner envie de voir les suites.



Maintenant on arrête de rigoler. Va à la mitraillette, et tire. Et maintenant, quel genre d'homme suis-je ? Je suis un homme juste.


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le 31 déc. 2020

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