Héroïque fantaisie

Ca y est, j'ai désormais bouclé, dans le désordre, la filmographie de Jacques Audiard, avec "Un héros très discret", son deuxième long-métrage.

On remarque une progression dans la fluidité du récit et de la mise en scène, deux ans après "Regarde les hommes tomber". Surtout, même si on retrouve au générique Mathieu Kassovitz et Jean-Louis Trintignant, et si ses (anti-)héros restent des marginaux solitaires et ambigus, la tonalité de "Un héros très discret" s'avère nettement moins sombre et pessimiste que son prédécesseur.

Audiard signe un vrai-faux documentaire sur un certain Albert Dehousse, faux résistant mais vrai imposteur après la Seconde Guerre Mondiale, au motif un brin immature que son rêve était de devenir un héros, et qu'il ne supporte tout simplement pas d'être passé à côté.

Jolie histoire, quoiqu'assez difficile à croire, tant Albert l'adolescent effacé va devenir un meneur d'hommes rusé et audacieux, grâce à sa mémoire phénoménale et à la rencontre de trois personnages qui vont accélérer son apprentissage de la vie : un employeur opportuniste et mythomane, une prostituée au grand cœur, et surtout un soldat homosexuel flamboyant (magnifique Albert Dupontel).

Concernant l'œuvre d'Audiard dans sa globalité, le niveau s'avère remarquable dans l'ensemble, avec une belle homogénéité et une progression chronologique visible de films en films, les trois plus récents étant à mon sens les plus aboutis : "De battre mon cœur s'est arrêté" (2005), "Un prophète" (2009), et "De rouille et d'os" (2012). Autant dire que j'attends avec impatience son septième long-métrage...

Edit : En dépit de ses maladresses et de son dernier acte qui m'aura laissé perplexe, la sortie de "Dheepan" est venue confirmer le bien que je pense de Jacques Audiard, auréolé pour l'occasion d'une Palme d'or cannoise inattendue.