Fous rires en chaîne.

Que de fous rires avec « Un homme heureux »! L’idée était excellente et cela aurait pu être vite graveleux ou virer à la gaudriole de mauvais goût mais que nenni. Et comme cela fait du bien de rire franchement et de bon cœur devant une comédie à la fois intelligente et vraiment drôle qui sait allier un humour, on peut le dire, franchouillard et à l’ancienne avec des thématiques sociétales éminemment actuelles. Et quelle bonne idée d’associer pour cela deux comédiens aussi talentueux et drôles que Fabrice Luchini et Catherine Frot. Elle, de son côté, est vraiment crédible en femme qui se sent homme et commence sa transition. Son physique se marie parfaitement pour ce rôle et elle ne se ridiculise à aucun moment, respectant à la fois sa personnalité d’actrice mais aussi toutes les personnes dans cette situation. On pourrait même dire qu’elle fait honneur à la communauté transgenre, même si bien sûr le côté comique de l’ensemble agacera toujours certains râleurs ou wokes. Quant à lui, il est impayable, incroyable et inoubliable en mari réactionnaire et vieux jeu. Ses réactions et son jeu toujours justes, voire un tantinet exagérés pour l’occasion, ainsi que ses mimiques constituent l’essentiel des ressorts comiques du film et font fonctionner le comique de situation à plein régime tel un vaudeville haut de gamme. Le nombre de fois où on éclate de rire à chacune de ces situations, très bien exploitées au vu du sujet, occasionne pas mal de fous rires et rares sont les moments tombant à plat.

Certains reprocheront que le film ne va pas au bout des choses mais cela aurait pu aussi vite tomber dans le gênant ou le beauf de mauvais aloi alors qu’on sent que le but de « Un homme heureux » est d’être accessible, populaire et fédérateur. Les gags très drôles, les répliques amusantes qui fusent et les situations ubuesques à se rouler par terre sont légion et, comme le film dure à peine une heure et demie, on ne les voit pas passer. C’est un pur régal de comédie bien écrite, généreuse, originale et rigolote. On apprécie aussi que le long-métrage n’oublie pas de parler des genres, puisque c’est son sujet, de manière presque pédagogique sans trop sombrer dans le cliché et le personnage de la nouvelle meilleure amie transsexuelle d’Edith/Eddy est d’une justesse incontestable pour illustrer le propos. Les seconds rôles joués par Philippe Katerine et Artus sont excellents et font des excellents contrepoids à l’ogre Luchini, même si celui-ci dévore chaque séquence où il apparait. De le voir au carnaval déguisé en femme est un moment culte dont on se souviendra. Bref, « Un homme heureux » c’est un excellent moment de détente, de rires, de bonne humeur, de situations cocasses et de gentille folie. La mise en scène est classique et ça aurait pu aller plus loin mais c’est déjà plus que bien comme cela.

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