Un homme heureux, et un spectateur dubitatif. C'est avec une finesse pachydermique que cette comédie aborde le sujet de la transition d'identité sexuelle, et si la volonté n'est pas malveillante (on n'est pas sur une moquerie ou jugement indécent), on ne peut pas dire qu'on rigole de ce long enchaînement de clichés. On n'aurait pas non plus engagé Catherine Frot et Fabrice Luchini pour ces rôles respectifs, car ils n'y sont absolument pas bons ni crédibles (chose rare pour ces deux mastodontes du cinéma), semblent découvrir leur texte au fur et à mesure (tout sonne faux), et foncent tête baissée vers la happy-end prévisible et ultra-facile, typiquement celle qui termine tout scénario de comédie française sans idée (une
bonne vieille fête
, et voilà c'est fini : damned...). Pas un sourire décoché, on patiente simplement en attendant que la check-list "expliquer la trans-identité à Papy et Mamie" soit cochée : expliquer les mots-clés (des définitions de dictionnaire insérées n'importe comment dans les dialogues), faire des passages dans un groupe de paroles où tout le monde est beau et gentil (un vrai spot publicitaire de France Télévision), faire débouler Catherine Frot en travesti masculin dès la première mention au mari (pour qu'on comprenne bien...), et une évolution de la trans-identité dans l'amour de ce duo très niaise (très peu de remous, au final, au sein du couple, ce qui est irréaliste au possible). Avec une petite tacle pour un certain électorat bleu foncé (le portrait du personnage de ce Maire de "très très droite" est : il est conservateur, point.), Maire qui évolue d'ailleurs également comme dans le monde des Bisounours. Un homme heureux veut bien faire, veut nous dire d'être plus ouvert d'esprit, d'accepter les autres et soi-même avec bienveillance (ce qu'on valide à fond), mais il le fait avec une niaiserie et balourdise qui sont pénibles. La version cucul et irréaliste du splendide Laurence Anyways.