Un des grands classiques de la Shaw Brothers, mais peut-être aussi un des plus surestimés. Non pas que le film soit mauvais (loin de là !), mais il faut bien avouer qu'il manque parfois furieusement de peps.
Après une première heure plaisante, mais ne contenant rien que l'on n'ait déjà vu dans un film du genre (sauf un tranchage de bras assez surprenant), Un seul bras les tua tous se prend un peu les pieds dans le tapis et accumule les scènes inutiles (les dialogues entre le héros et sa copine, les manigances des vilains), tant et si bien que l'intérêt décroît quelque peu avant un final qu'on attendait grandiose, mais qui s'avèrera un peu plat, la faute notamment à des combats un peu mous et effectués de plus sans musique pour relever le tout, et à une sous-exploitation du sabreur manchot, qui n'effectuera finalement qu'un seul combat digne de ce nom, et encore, assez expéditif : le dernier.
On est loin de l'énergie qui sublimera plus tard La rage du tigre, mais le film de Chang Cheh a d'autres atouts : une réalisation mobile et travaillée, une photographie impeccable,une violence exacerbée et une érotisation troublante du visage et du corps mutilé de Wang Yu qui contribue à la légende du Chang Cheh promoteur de l'homosexualité via ses films de sabre. Ajoutant à cela une réflexion amère sur l'héroïsme et les arts martiaux, pourtant tellement portés aux nues dans ce cinéma, Chang Cheh livre donc un film imparfait, mais singulier, et valant largement le visionnage.