Sorti en 1974, McQ, son (personnage-)titre original, est souvent considéré comme un sous Harry, produit trois ans auparavant, rôle que John Wayne refusa ce qu’il expliquera par la suite:


« Il y a trois raisons pour lesquelles je n’ai pas tourné Dirty Harry. Je n’aime pas que l’on m’offre un rôle rejeté par Sinatra. Mettez ça sur le compte de la fierté. La deuxième raison est que je pensais que Harry était un salaud. Mettez ça sur l’étroitesse d’esprit, car quand j’ai vu le film j’ai réalisé que Harry était le genre de personnage que j’avais déjà joué plusieurs fois : un type qui vit par la loi, mais n’hésite pas à briser les règles quand il a l’obligation de sauver les autres. La troisième raison est que j’étais déjà occupé à tourner d’autres films. »


Sans aucune malice, on pourrait également évoquer la question de l’âge: 25 ans séparent Wayne d’Eastwood lors des tournages respectifs, ce qui explique partiellement non pas la supériorité de l’un sur l’autre mais la différence profonde des personnages autour desquels les films sont élaborés.
McQ, c’est la force tranquille, celle d’un géant qui avance inexorablement dans la résolution de son enquête, de sa démarche chaloupée et opiniâtre au rythme de la très belle composition d’Elmer Bernstein.
Séparé de sa femme, quelque peu délaissé par son ado et ses désirs d’émancipation, licencié par sa hiérarchie forcément suspecte, esseulé après la mort de son louche partenaire et ami, il est un colosse dont la solitude subie ne sera égayée que par cette touchante scène avec Colleen Dewhurst.
Tout au long de ses investigations, il arpente Seattle, magnifiquement photographiée, et promène sur la société un regard parfois désabusé, souvent paternaliste et toujours humaniste.
Le tout est mis en scène avec rigueur et quiétude par un John Sturges plus très jeune non plus mais qui trouve la luminosité et l’énergie pour nous offrir de belles séquences dont une superbe course poursuite sur la plage au jour naissant, symbole d’une nouvelle époque dans laquelle a toute sa place John Wayne, immense gaillard imprimant à un polar bien de son temps toute sa personnalité et son charisme qui en ont fait le héros de nos westerns d’enfance.
Tout sauf un salaud…


Un film à l’image de son personnage titre, éminemment sympathique et attachant.

Créée

le 2 janv. 2021

Critique lue 310 fois

12 j'aime

10 commentaires

GrandTyrion

Écrit par

Critique lue 310 fois

12
10

D'autres avis sur Un silencieux au bout du canon

Un silencieux au bout du canon
Torpenn
5

L'anti-héro

Un film de John Sturges avec John Wayne, franchement, je sais bien que chez vous pas du tout, mais pour moi et les beagles solitaires loin de leurs foyers, normalement ça génère un très fort afflux...

le 2 mars 2013

17 j'aime

5

Un silencieux au bout du canon
Ugly
8

Dirty McQ

A la fin des années 60, le succès de Bullitt engendre une catégorie de films qu'on peut appeler polars urbains violents des années 70. Dans ces films, l'image du flic est souvent double ; à une...

Par

le 24 sept. 2017

13 j'aime

Un silencieux au bout du canon
GrandTyrion
7

Bright Harry of Seattle

Sorti en 1974, McQ, son (personnage-)titre original, est souvent considéré comme un sous Harry, produit trois ans auparavant, rôle que John Wayne refusa ce qu’il expliquera par la suite: « Il y...

le 2 janv. 2021

12 j'aime

10

Du même critique

Starship Troopers
GrandTyrion
9

Barbie et Ken vont à la guerre

Dans un futur proche, quatre jeunes gens s'engagent dans l'armée afin d'acquérir plus rapidement la citoyenneté fédérale et sont confrontés aux horreurs de la guerre contre des insectes géants d'un...

le 10 oct. 2021

32 j'aime

19

Le Dialogue des Carmélites
GrandTyrion
8

Liberté, égalité, fraternité.

Le CNC serait bien inspiré de rénover ce film. La médiocrité du son nous oblige à tendre l’oreille pour profiter d’une merveille de dialogues et l’image supporte mal les contrastes pourtant...

le 16 avr. 2021

21 j'aime

14

Charade
GrandTyrion
9

Breuvage divin

La BA ( disponible sur le site) dévoile la recette: 1/3 de suspense, 1/3 de comédie, 1/3 de romance, un cocktail parfaitement équilibré, sublimé par l'élégance absolue du réalisateur Stanley...

le 16 avr. 2021

20 j'aime

7