Aux chiottes les Teutons ! Bande de mange-merde ! (Critique en service commandé pour Hunky-Dory #04)
Tel que vous me voyez (ou du moins tel que vous m'imaginez derrière mon écran) je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler un fan de Belmondo et si j'aime assez les dialogues d'Audiard je ne voue pas à ses films le culte de certains.
Seulement pour le coup j'ai beaucoup aimé un Singe en hiver.
J'ai aimé les discours aviné de Gabin et ses divagations aussi poétiques qu'instructives sur le Yang Tsé Kiang.
J'ai aussi aimé sa sobriété forcée et la bougonnerie qui en découle.
J'ai aimé Gabin lui-même, son port altier et sa toison de neige et sa manière de déclamer, tel le dernier des histrion, les plus belles vérités.
J'ai aimé enfin sa façon d'insulter sans y paraître et de dominer l'assemblée de son dédain, tout ivrogne qu'il est.
J'ai aimé Landru et sa boutique, sa magnifique moustache et ce surnom qui lui va à la fois si bien et si mal.
J'ai aimé son bagout et son plaisir visible et communicatif à vendre, peu importe quoi et peu importe à qui.
J'ai aussi aimé la mère supérieure anglophone et acariâtre, son franc parler et ses rares échanges avec Gabin.
J'ai aimé le feu d'artifice sur la plage, le rodéo routier et, à chaque fois, la désapprobation de la masse bien pensante.
J'ai aimé la fin, enfin, et le symbolisme du titre.
Et tant pis si à coté de ça je n'aime toujours pas Belmondo ou si la femme de Gabin m'a insupporté : j'ai quand même vu un grand film et je ne bouderai pas mon plaisir.