Dans la catégorie des films qui font craindre la mort par léthargie durant la première demie-heure, Under The Skin se pose là. Non pas que le rythme s'accélère une fois cette partie passée: toi qui aime les rythmes soutenus (mais genre même pas super soutenu, juste soutenu) et les intrigues palpitantes, passe ton chemin, tu ne trouvera que plans langoureux et séquences étrangement longues. Seulement après une demie heure, on passe l'angoisse de la stagnation sur un seul schéma (elle cherche quelqu'un, le trouve et le ramène à la maison) et on avance un peu plus dans l'expérience du personnage.


Le truc, c'est que le film est assez hypnotisant. Je passerais rapidement sur la muse de mes muses qui dévoile son corps de déesse; c'est cool, ça fait plaisir à mon côté libidineux, mais ce n'est pas pour ça que je suis venu. Ce qui est surtout intéressant c'est les choix esthétiques et musicaux pour le moins particulier. Une première partie du film se passe dans une pénombre étrange où les contrastes ne sont pas contrebalancés. On a l'impression de regarder un film des années 80-90 tourné tel quel...enfin tel quel avec un soin maniaque des angles de caméra et des couleurs. De temps à autre, en introduction puis à chaque entrée dans la maison, on a le droit à des séquences sur fond unis blanc ou noir absolument splendides et sur fond de musique qui hérisse les poils de détresse (parce que franchement la musique n'est pas "agréable" à écouter) puis se laisse apprivoiser. Le film emporte le spectateur, mais clairement si le charme n'opère pas, c'est la perte d'attention assurée.


Pourtant il y a un scénario, en filigrane mais tout de même bien explicite et surtout très habilement montré par le réalisateur. C'est finalement assez ambitieux de partir avec un pitch aussi mince pour en faire un long métrage aussi porté sur l'esthétique et la musique pour raconter le peu qu'il a raconté.


Je ne sais pas dans quelle mesure je peux recommander Under The Skin. Je pense que les qualités esthétiques et les choix narratifs lui donne une vraie force et un aspect mystique qui aurait rapidement pu être kitsch (et le sera probablement pour certaines personnes). D'un autre côté, sans ScarJo, le film ne serait pas le même et je suis un peu trop amoureux d'elle pour savoir si ça à joué sur le côté fascinant de la réalisation. À voir et à revoir en ce qui me concerne, mais attention à la migraine ou à la sieste impromptue.

seblecaribou
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le 15 juil. 2014

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le 15 juil. 2014

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seblecaribou

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