Under the Sun
6.7
Under the Sun

Documentaire de Vitaly Mansky (2016)

Illustration formatée du formatage

Le dispositif du documentaire de Vitaly Mansky n'est pas entièrement dévoilé au début de Under the Sun, et il faudra être patient, quelque temps — grosso modo la scène du repas ou les différentes répétitions sont clairement explicitées pour la première fois — avant que l'on comprenne tous les tenants et aboutissants. Le concept aurait pu être intéressant et percutant : dans la limite de ce qu'il est possible de faire dans le cadre d'un documentaire censé représenter une famille ordinaire de Corée du Nord (une exigence du régime, une famille bien entendu pas du tout représentative puisque tout est mis en scène, les activités, les activités professionnelles, les déambulations), l'équipe réduite de tournage s'est arrangée pour laisser tourner une caméra entre les scènes et enregistrer le processus de mise en scène : essentiellement il s'agit d'un homme expliquant aux gens ce qu'ils doivent dire, faire, et donc penser. Derrière un tel projet, en sous-main de la part du réalisateur, il y a donc un travail de dissimulation de cartes mémoires, de montage dans le dos du gouvernement nord-coréen, etc. pour aller au-delà de l'encadrement extrêmement strict imposé, à savoir une absence de liberté de mouvement et de sujet.


Si ce mensonge avait pu fournir quelque chose de substantiel, pourquoi pas. Déloyal, mais de bonne guerre aurait-on pu dire. Mais ici franchement, sur 1h50, on répète inlassablement la même chose pour ne dire vraiment pas grand-chose qu'on ne sache pas déjà... Côté pile, il y a bien sûr toute la dimension de propagande avec le régime qui a insisté pour montrer l'ampleur de l'Union coréenne des enfants, un jour férié important, avec l'enrôlement de la jeunesse censé montrer une société idéale. Mais côté face, en révélant la mise en scène des autorités, le documentaire ne parvient pas vraiment à se faire pertinent. Certes on voit comment tout est orchestré, que tout est faux, que rien n'est spontané. Mais honnêtement les images de ces moments volés n'étaient pas vraiment nécessaires pour le faire ressentir et pour enfoncer le clou de stéréotypes largement connus. Déjà, le message en préambule était suffisamment parlant : "The script of this film was assigned to us by the North Korean side. They also kindly provided us with an around-the-clock escort service, chose our filming locations and looked over all the footage we shot to make sure we did not make any mistakes in showing the life of a perfectly ordinary family in the best country in the world". Un message parfaitement et suffisamment clair.


Parmi les points noirs, une musique très pompeuse un peu trop présente, beaucoup de gros plans qui ne savent pas du tout se faire subtils ou intimistes, et des stéréotypes un peu lourds à l'instar de la petite fille qui n'arrive pas à citer un exemple d'événement joyeux. Formaté dans l'illustration du formatage, artificiel dans la vision de l'artifice, et assez pauvre finalement sur le projet du réalisateur qui souhaitait faire un film sur un objet similaire à l'Union Soviétique, comme une machine à remonter le temps.


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Morrinson
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le 26 sept. 2023

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