Une arnaque presque parfaite par Chips
Il est possible d'apprécier The Brothers Bloom si l'on remplit 3 conditions :
1) N'avoir jamais vu un film de Wes Anderson (difficulté : 30%)
2) N'avoir jamais vu de film "british" utilisant l'humour pince-sans-rire cher à nos voisins britanniques (difficulté : 60%)
3) N'avoir jamais vu de film d'arnaque/de braquage (difficulté : 90%)
Malheureusement, il est difficile de remplir ces trois conditions, se qui ne permet pas de profiter du film : film "à l'anglaise" fait par un américain, proposant une narration et des effets comiques qui rappellent Anderson sans pour autant en avoir le goût, il sombre bien vite dans un étalage de lieux et de personnages (eux aussi semblant issus de chez Anderson, décidément) en oubliant de proposer un script valable.
L'absence de tension se fait ressentir tout au long du film pour une raison simple : on ne connait pas le plan des arnaqueurs (pré-requis, dans ce genre, à un certain suspens). La relation entre les deux frères est également à peine esquissée, les très bons acteurs n'étant pas aidés par des dialogues qui sonnent bien trop "écrits".
Le mélange permanent entre l'ambiance XXe siècle (dans un contexte actuel, ça ne fonctionne évidemment pas), le montage moderne et les nombreux effets comiques qui tombent souvent à plat car pas assez décalés donne un résultat bien fade que les acteurs parviennent à sauver du naufrage (on soulignera au passage que les seconds rôles l'emportent largement sur les deux frères. Rappelez-moi le titre du film ?).
The Brothers Bloom souffre d'un trop-plein d'idées qui semblent reprises chez d'autres et qui ne s'accordent pas entre elles (à l'image de sa bande-son, omniprésente).
Le plus curieux c'est que Rian Johnson a ensuite prouvé avec Looper qu'il était plus que capable de comprendre les codes d'un genre (le film de SF) et de les utiliser pour écrire et réaliser un film original et réussi avec des éléments cohérents (ambiance, personnages, ton...). C'est peut-être ça l'arnaque ?