Les séquelles d’une guerre peuvent avoir la vie longue. Après avoir réussi à apprivoiser son deuil en se dédiant à son petit café du village, le cœur de Thérèse Langlois se remet à battre pour son mari qu’elle croit reconnaître à travers les traits d’un itinérant amnésique qui passe quotidiennement devant son commerce. En tentant de ranimer la mémoire de cet homme, elle espère renouer avec l’amour. La trame d’Une aussi longue absence possède un courant de fond puissant. Est-ce que l’émotion qu’elle suscite aurait pu émerger de manière plus saisissante? Peut-être. Mais le mystère existentiel qui traverse l’œuvre signée par Marguerite Duras et Henri Colpi fait en sorte de maintenir son pouvoir d’attraction. À cet égard, le film n’est pas sans rappeler Le cri de Michelangelo Antonioni sorti en 1957 qui racontait l’histoire d’un homme qui ne pouvait accepter le départ de sa femme. D’autant plus que le rôle de celle-ci était interprété par la même Alida Valli. Une actrice qui a une présence tragique naturelle à l’écran. Certains mentionnent que le film, malgré sa palme d’or, n’a pas autant marqué son époque que ceux qui s’inscrivaient dans la Nouvelle vague. Mais une fois sorti de leur contexte, les œuvres qui ont des assises scénaristiques plus solides se donnent la chance de mieux vieillir contrairement à d’autres qui ont misé sur la forme. Il reste à mes oreilles la chanson Trois petites notes de musique écrite par Colpi lui-même sous la musique de Georges Delerue et la voix de Cora Vaucaire. Un bijou qui vous revient en mémoire.

Elg
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le 25 oct. 2019

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