Laguionie s'inscrit ici en miroir de Paul Grimault et des surréalistes avec un univers et une palette graphique proche du premier et une situation de départ que n'auraient pas reniés les seconds. Voici une allégorie maligne de la cupidité ainsi que de l'avarice des hommes, prêts à vilipender un marginal bohème retapant à sa guise une ville qu'il pense abandonné.
Eux fuient au loin des collines un contexte qu'on imagine de guerre, puisqu'une bombe en passe d'exploser demeure enfouie sous terre (le court métrage est réalisé à la fin des années 30 si ma mémoire est bonne). Ne sachant rien de tout ceci, notre pauvre ère se prend pour un disciple de Dali (coucou Dupieux.....) et transfigure cet Atlantide.
Ayant allègrement pioché dans la banque du coin, il jette l'argent et cela ne plaît guère aux déserteurs qui l'observent d'un mauvais œil. N'y tenant plus, ceux la boutent le malotru hors de la contrée et fêtent cette inadvertance richesse. Le nucléaire vient se rappeler à leur égoïsme pour les faire passer à trépas.
Comme une esquisse du futur futur classique de l'animation Le Roi et L'oiseau de son compère et complice Grimault, ainsi que quelques unes de ses propres thématiques, Laguionie manie par l'absurde nos tares encombrantes. C'est (très) court, vif et coloré. Trois raisons supplémentaires de ne pas manquer cette petite pépite.