John Hughes, décidemment, est celui qui arrive au mieux à comprendre et représenter les fantasmes adolescents masculins sur grand écran. Il se souvient bien qu'à 15 ans, le loser boutonneux qu'il a problablement été, et que j'ai certainement été, rêve de gloire, de foutre une branlée à ces mecs qui ont le même age mais qui pourtant semblent être nés 5 ans plus tôt, et surtout d'emballer les nanas sexy. Juste sexy? Non bien sûr, car dans l'esprit malicieux de ces gringalets, la femme la plus sexy ne suffit pas si elle est bête comme un pet de chataîgne (car dans ce cas elle retournera illico chez monsieur gros muscle); non il faut que la nana soit sufisamment intelligente pour comprendre les nuances subtiles de son intelligence.

Alors le film a tout de même un peu mal vieilli par rapport au rythme de montage; par moment il y a cette sensation que la scène est tournée au ralenti. Certains plans sont un peu faibles; je sais qu'en général les réalisateurs de comédies se contentent de champs contre champs, mais l'histoire aurait certainement gagné en force avec un découpage parfois plus adéquat, plus subtil. A part ça, le film est très bien, et les passages absurdes présimpsonniens fonctionnent à merveille. Le choix des acteurs est judicieux pour tous : les gosses, Lisa, le frère (interprété par un jeune Bill Paxton complètement à l'aise), les grands parents, les 'loubards...

Question écriture, c'est assez étonnant; il faut vraiment voir ce film pour comprendre que Hughes est le précurseur des teen movies qui ont suivi dans les années 90-2000 (American Pie et le reste) ainsi que de l'esprit Appatow (d'ailleurs il paraîtrait qu'un vol de scénario a été signalé après la mort de Hughes; Appatow serait il dans le coup?). Ca parle ouvertement de sexe et tout ce qui anime l'imagination vivace d'un jeune garçon de cet âge. Les dialogues, bien que paressant crus, sont pensés avec subtilité, avec une réelle envie de rester fidèle à l'adolescence. D'ailleurs les personnages sont intemporels: l'auteur manipule les passions profondes de l'âge et non pas les petites envies liées à des jeux videos (l'ordi ne sert vraiment qu'à concevoir Lisa et plus tard épater les 'bogoss') ou autre effet de mode passager. Enfin, l'écriture semble libre de toutes contraites: l'auteur se permet tout dans cet univers déjanté. Evidemment ce n'est qu'une impression, car bien sûr l'auteur ne peut pas tout faire, il doit respecter une certaine logique, même si elle est de nature surréaliste, chose accomplie.

Bref, Weird Science est une comédie brossant un portrait honnête et sincère d'un ado, abordant tant ses vices que ses noblesses, soit, un divertissement non dénué de profondeur. Peut être est ce un film orienté davantage pour les mecs que les nanas? Peu importe, c'est très drôle!
Fatpooper
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le 22 avr. 2012

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