Pas si nul que ça...

Pour Luis Buñuel, Une femme sans amour était son plus mauvais film, le seul qu'il renia totalement, alors que par ailleurs il déclarait n'avoir jamais tourné une scène contraire à sa morale personnelle. Est-ce parce qu'il s'agit d'un remake mexicain de Pierre et Jean, tourné huit ans plus tôt par André Cayatte d'après le roman de Guy de Maupassant, que Don Luis s'est vu obligé de refilmer presque plan par plan faute de temps et de moyens? Ou parce qu'il n'est pas parvenu à y glisser la moindre allusion surréalisante ou un quelconque clin d’œil ironique? N'empêche que l'on peut apprécier sans honte ce mélodrame au montage serré (avec quelques étonnantes ellipses temporelles) et un beau portrait de femme qui préfigure Tristana, le chef-d’œuvre à venir avec Catherine Deneuve. Une redécouverte qui ne dépareille pas tant que ça dans la filmographie de l'auteur d'Un chien andalou: désolé, Don Luis, mais vous n'étiez pas si nul que ça!