Une merveilleuse histoire du temps par Chlo_
Décidément, cette année est une année à biopic sur de grands scientifiques. À une semaine d'intervalle pour sa sortie en France avec Imitation Game. Pourtant, c'est celui-ci que je vois en second. Il me semble, et c'est bien dommage, qu'il n'a pas eu autant de "publicité" pour le grand public. Je ne sais pas, peut-être faut-il être mort pour intéresser le public? J'espère sincèrement me tromper, me dire que c'est moi qui ait loupé sa sortie.
Avant d'arrêter les parallèles avec l'autre biopic de cette année 2015, j'aimerais souligné que contrairement à Imitation Game, celui-ci s'avère bien plus fidèle à la vie de Stephen Hawking. Bien sûr, l'explication est assez simple. Tout d'abord, ce scientifique d'exception est toujours en vie et ses travaux (du moins à ma connaissance) ne sont pas classés top secret. Ainsi, il est bien plus facile d'obtenir des informations justes. De plus, Jane Hawking a publié un livre, qui aurait servi de base au film, sur sa vision de leur relation.
Ce biopic ci, se centre essentiellement sur la vie de Stephen Hawking et de son rapport à la maladie. Contrairement à Imitation Game, ce qui évite ainsi de se sentir frustré sur des explications simplistes de ses travaux. Le film évolue autour de sa vie, de sa relation avec sa femme. Même si l'on ne connait pas Stephen Hawking (ce qui est un crime, si vous voulez mon avis, et je ne parle pas de connaître sa vie et ses travaux dans les moindres détails), le film reste accessible à tout public. De plus, il s'agit d'un scientifique qui a entrepris de vulgariser ses travaux. Donc, lorsque dans le film, vous trouverez que les explications sont à la limite d'être trop simples pour des travaux aussi complexes, vous pourrez remettre tout ça en perspective et vous dire que c'était le meilleur moyen de rester fidèle au chercheur.
Le film nous transmet des moments très forts, un combat de tout les instants face à la maladie, sans jamais, rentrer dans une mièvrerie qui inspirerait une simple pitié.
La réalisation est assez incroyable de ce point de vue là, c'est un film magnifique, qui sait capter tous les instants dans leur profondeur, les détails insignifiants qui sont les plus importants. Et tout ceci, en conservant l'humour du personnage, distillé par ci par là, nous redonnant le sourire lorsque l'on perd tout espoir.
La suite se réserve plutôt aux personnes ayant vu le film, quelques SPOILS pourraient apparaître.
Nous comprenons les difficultés que rencontrent Jane Hawking, tous les efforts qu'elle fait qui finissent irrémédiablement par l'user. Il est intéressant de montrer tout son parcours, comment, au tout début de cette maladie qui vient frapper cet homme, elle décide de rester malgré tout, de combattre avec lui. Plus la maladie avance, plus cela devient compliqué. Ils arrivent tout de même à avoir des enfants, mais la gestion d'une maladie aussi complexe ajoutée au fait d'élever des enfants complexifie d'autant plus les choses pour Jane. Nous observons attentivement son passage de l'épouse profondément amoureuse et entièrement dévouée (je rappelle la scène de l'installation du lit dans un lieu plus adapté, où il lui dit merci), à la femme épuisée, vidée, qui a, me semble t-il, abandonné sa propre vie pour celle de son mari, puis celle de ses enfants.
Mais alors, que dire de Stephen ? Lui qui assiste à la déchéance de son propre corps, lentement enfermé par les difficultés de mouvements puis de communication. Et bien lui, il la comprend, il semble accepter sans désespoir absolu ce qui se joue sous ses yeux. La relation de Jane avec cet ami de la famille, n'est jamais complètement explicitée, je pense que nous pourrions imaginer que c'est qu'alors, Stephen ne pouvait être complètement sûr. Il semble même lui donner son accord, lorsqu'il lui dit qu'il accepte qu'elle se fasse aider. J'ai vécu ce discours comme étant à double sens, ce que l'on dit, et ce que l'on dit entre les lignes, tout doucement, discrètement.
FIN SPOIL
L'histoire est d'une profonde tristesse, qui pourrait nous envahir et nous noyer si ce n'était pas aussi bien réalisé. Un parfait équilibre, une prouesse de réalisation. Réalisation, aidée bien sûr, par le jeu époustouflant de Eddie Redmayne (Stephen Hawking), qui entretient une ressemblance physique déconcertante avec le vrai Stephen Hawking. Après l'avoir vu dans Jupiter, dans le rôle de Balem (bien que Jupiter soit sorti après, rappelons le). Il n'était pas gagné de supposer que derrière un rôle intéressant mais peu développé, se cachait un acteur incroyable. Eddie Redmayne a su rendre justice à Stephen Hawking dont peu, voire personne, aurait été capables. C'est un travail d'une remarquable précision mais aussi d'émotions. Toutes ces petites mimiques qu'il est encore capables de faire pour appuyer certains de ses propos, ses petits sourires en coin dans des moments de désespoir des plus total. Il arrive à nous faire transparaitre des émotions aussi claires et intenses dans un corps qui ne marche plus, qu'il arrive à ne plus faire marcher.
Il faut également rendre justice à Felicity Jones dans le rôle de Jane Hawking, qui nous permet de la comprendre, de voir lentement son entrée dans un épuisement sans fin.
Tous les autres acteurs sont également très justes dans leur interprétation de leur personnage respectif.
Bref, un film que je recommande vivement, pour ces émotions qu'il arrive à transmettre, sans jamais, jamais, tomber dans un cliché qui n'inspirerait qu'une pitié trop simple.