Derek Cianfrance n'est pas un total inconnu, c'est le talentueux réalisateur du poignant Blue Valentine et du captivant The Place Beyond the Pines. Pour Une vie entre deux océans, il a probablement tiré le meilleur parti de Michael Fassbender et Rachel Weisz depuis très longtemps, même si le film s'appuie un peu trop souvent sur le côté larmoyant du récit.

Nous sommes en décembre 1918. Tom Sherbourne (Michael Fassbender) revient de la guerre fatigué et en quête d’isolement. C'est pourquoi il prend un emploi dans un phare isolé et épouse la fille locale Isabel Graysmark (Alicia Vikander). Ils désirent avoir un enfant, mais voilà, elle fait fausse couche après fausse couche et le désespoir la ronge. Un jour, ils trouvent un bateau échoué sur le rivage, avec un bébé et un homme mort à bord. Elle veut le garder et convainc Tom de ne pas déclarer le bébé aux autorités. Ce n'est que bien plus tard qu'il apprend l’histoire d’Hannah Roennfeldt (Rachel Weisz), qui a perdu son mari Frank et leur bébé, lorsqu’une foule a pourchassé l’Allemand, le poussant à fuir en mer.

Au milieu des magnifiques couchers de soleil, des plages et des vues sur l’océan, Derek Cianfrance raconte l’histoire déchirante d’un couple qui veut désespérément avoir un enfant, mais qui ne peut pas en avoir un. Bien que ce film traite du chagrin, du regret et des remords, il y a quelque chose de si beau dans la façon dont Derek Cianfrance raconte l’histoire. C'est malheureusement inondé de tristesse et de tragédie, mais je n’ai jamais cessé de soutenir ces personnages. Même quand ils font les plus mauvais choix possibles, je voulais le meilleur pour eux deux.

Et si on se sent si proche des personnages, c'est en grande partie grâce à la grande performance des acteurs et en particulier de Michael Fassbender, Alicia Vikander et Rachel Weisz. Michael Fassbender apporte autant de puissance et de gravité à ses rôles, mais je ne l’ai jamais vu aussi vulnérable. Nous avons vu un aperçu du poids émotionnel qu’il peut apporter à ses personnages dans 12 Years a Slave, dans Hunger, ou même dans la franchise X-Men, mais rien ne peut vous préparer à son tournant déchirant dans ce film.

Alicia Vikander et plus encore Rachel Weisz, sont tout aussi formidables. Tous les personnages de ce film ne cessent de faire les mauvais choix, mais les deux femmes ajoutent une touche humaine et de la grâce à leurs rôles. Bien qu'Alicia Vikander fait vraiment très jeune dans le film (plus proche de la vingtaine que de la trentaine comme dans la vraie vie), je n'avais aucun mal à imaginer qu’elle pourrait un jour être mère à son tour. Rachel Weisz est mère dans la vraie vie et cet instinct maternel se dégage à l’écran. Les deux performances sont tellement bonnes, que ça compense les quelques défauts du film.

L’un des problèmes qui a été soulevé à propos de ce film, est sa tendance excessive à tirer sur la corde sensible. C’est un argument valable, surtout compte tenu de toute la tragédie et des circonstances horribles qui se produisent dans ce film. Je ne peux pas vraiment affirmer que je reverrai ce film, tellement il est plombant, mais en même temps, j’ai trouvé la réalisation et les performances d'acteurs suffisamment intéressantes, pour surmonter la nature déprimante du film. Ce n’est pas un sujet facile à aborder, mais c’est un sujet important à coup sûr.

Et puis le film est très beau, mais lent comme c'est pas possible. Comme déjà dit, le film tire trop sur le larmoyant par moments et manque de dramaturgie durant la première heure du film. Et puis le fait qu'il dure plus de deux heures, n’aide pas non plus. La première demi-heure manque de tension, il y a une platitude au début du film qui fait qu'on a bien du mal à renter dans l'histoire qui nous est conté ici. Ainsi, Tom est hanté par les horreurs de la guerre, mais le film ne montre aucune scène de guerre. L’évasion de Frank de la foule pourrait être palpitante, mais non on ne voit rien. Au moment où le film devient enfin très fort émotionnellement, il s'était déjà passé près de deux longues heures à attendre. Derek Cianfrance joue beaucoup sur le contemplatif, parfois même trop. Même si j'aime beaucoup le style de ce réalisateur, tout le monde ne s'appelle pas Terrence Malick ou Stanley Kubrick.

Bref, Une vie entre deux océans est un film d'un classisme absolu et sans grande surprise, mais c’est sacrément beau.

Créée

le 6 mars 2023

Critique lue 59 fois

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lessthantod

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