Le temps brise et disperse la réalité, ce qui reste devient légende urbaine


Les légendes urbaines sont << ces contes folkloriques >> modernes qui naissent mystérieusement et se répandent spontanément, par le bouche-à-oreille, sous des formes variées qui peuvent évoluer en fonction des lieux ou des populations. Il y a dans ces légendes une certaine forme d'humour ou d'horreur - un sort puni souvent celui ou celle qui a enfreint les règles morales ou les conventions de la société. Elles ont souvent pour origine un fait réel, mais se modifient au gré de ceux qui les colportent. Elles finissent par vivre leur propre vie, deviennent une sorte de légende moderne. C'est leur évolution propre qui est fascinante.



Urban Legend réalisé par Jamie Blanks est un slasher divertissant suivant la mouvance populaire des films d'horreur des années 90 initiés par le triomphe ''Scream'' de Wes Craven. Sorti en 1998, Urban Legend s'avère être un des meilleurs longs-métrages à sortir de cette tendance cinématographique ciblant essentiellement un public adolescent avec une histoire présentant des étudiants de l'université de Penddleton qui se retrouvent confrontés à un tueur masqué qui va les exterminer un par un. Une intrigue dans la plus pure caricature du slasher de base avec des éléments artificiels et quelques fois grossiers et clichés qui néanmoins va tirer toute son originalité des diverses mises à mort.


En effet, l'intelligence du récit s'articule autour de la mise en scène des meurtres, qui ont pour méthodologie : '' les légendes urbaines. '' Une idée habilement conçue qui confère une ambiance aussi excellente que fascinante qui va apporter son lot de suspense et de fraîcheur. L'idée d'un tueur qui s'inspire des légendes urbaines pour expédier dans l'au-delà de pauvres victimes à de quoi rendre le film particulièrement intrigant et jouissif, bien que le seul intérêt de celui-ci ne se résume qu'à cela : mais c'est déjà beaucoup pour une telle formule ! Cela permet à ce slasher de s'émanciper des nombreux autres œuvres du genre et de lui conférer une identité propre et reconnaissable avec ses meurtres originaux qui sont suffisamment bien fichus et inattendus pour garder le spectateur intéressé jusqu'à la fin.


On découvre avec plaisir bon nombre de légende urbaines qui passent aussi bien par l'horreur que par la comédie noire qui accompagne avec subtilité et légèreté ce slasher. La scène d'ouverture avec le mec planqué derrière la banquette arrière de la voiture fonctionne très bien. D'autres bonnes idées diaboliques viennent agrémenter l'action du récit avec une pendaison au-dessus du capot de la voiture, un chien carbonisé au micro-ondes, une explosion intestinale après avoir ingurgité un mélange de bonbons pétillants avec du soda, meurtre épectase (mort durant un orgasme)... Tant d'éléments qui font d' Urban Legend un film d'horreur passionnant rendant saisissant toutes les fuites des étudiants face au tueur car on sait qu'ils termineront dans la souffrance. À défaut d'être effrayant c'est au moins amusant ! Une particularité offrant une tension digne d'intérêt avec une atmosphère gothique qui se marie parfaitement au mysticisme que représentent les légendes urbaines, le tout parfaitement accompagné par la composition musicale de Christopher Young qui est étonnamment efficace avec un lyrisme mystérieux amplifiant l'atmosphère du récit.




  • Bien, qui a déjà entendu ça ?

  • C'est vraiment arrivé à une fille de chez moi.

  • Ha ! Oui, oui bien sûr je n'en doute pas. Vous avez sûrement grandi en pensant que c'est arrivé près de chez vous. Mais non, c'est faux. Voyez-vous : " la baby-sitter et l'homme du premier '' est ce qu'on appelle - une légende urbaine.



Malheureusement, Urban Legend vient mettre un terme à l'originalité du récit durant le dernier acte avec la révélation de l'identité du tueur qui loupe totalement le coche. On n'est pas vraiment surpris de découvrir le visage du tueur à cause d'un faux rythme qui intervient au mauvais moment rendant la révélation anodine : un faux climax incompréhensible ! De plus, une fois le masque tombé l'interprétation de celui qui incarne l'assassin est totalement foiré et caricatural. Un vrai loupé ! C'est dommage car les motivations de l'assassin sont totalement crédibles et fonctionnent parfaitement dans le choix d'utiliser les légendes urbaines pour commettre ces crimes. Les exécutions au corps-à-corps du tueur se font à la hache ce qui ajoute une tension supplémentaire, la hache étant une arme bien plus flippante et destructrice qu'un couteau de cuisine. J'en veux pour preuve avec la mise à mort de Tara Reid qui est d'une violence totale même si la caméra ne montre pas tout. Le masque et la tenue du tueur ne collent pas trop, c'est un simple parka avec une grosse capuche en fourrure qui entoure si profondément la tête du tueur qu'on ne peut voir à la place de son visage qu'un trou noir. Si encore l'action se serait déroulée dans un décor enneigé ça aurait pu coller mais dans ce cas présent je n'ai pas vraiment compris le choix d'un tel costume.
 
Le casting n'est pas mauvais et se permet même quelques surprises bienvenues avec la présence de trois figures de l'horreur. On commence avec Robert Englund alias Freddy Krueger qui ici incarne le professeur William Wexler, qui justement durant un cours nous apprend précisément ce qu'est une légende urbaine. Brad Dourif alias Chucky qui apparaît en tant que McDonnell, un pompiste effrayant. Julian Richings alias '' le tueur dégénéré à langue bien pendue dans Détour Mortel '', en tant que Weird un homme de maintenance bizarre. Trois seconds rôles qui font plaisir à voir ! Paul Gardener (Jared Leto) journaliste universitaire, l'étudiante Natalie Simon (Alicia Witt) et sa meilleure amie Brenda Bates (Rebecca Gayheart), forment un triangle amoureux agaçant. Ces trois personnages principaux ne sont pas détestables, seulement ils sont désintéressant au possible.


Si Urban Legend possède une particularité c'est bien dans les seconds rôles qui sont finalement bien plus intéressants à suivre que les trois personnages principaux. La troupe de jeunes comédiens secondaires sont bien plus pétillants, amusants et attachants, à commencer par Joshua Jackson en tant '' Damon Brooks '', qui nous présente une teinte de cheveux blond platine étonnant avec un petit clin d'oeil rigolo à la série Dawson lorsque celui-ci démarre la voiture et que la radio diffuse durant un bref instant la chanson du générique de la série emblématique. Tara Reid sous les traits de Sasha Thomas est pleine de vie et belle dans un rôle de jeune femme sexuellement libérée qui ne la passe pas pour une traînée mais au contraire pour une fille pleine d'assurances. Michael Rosenbaum pour Parker Riley est un adolescent insouciant dans la plus pure caricature qui cependant reste amusant. Damon, Sasha et Parker sont mes trois personnages préférés et ils sont ceux qui vont connaître les morts les plus affreuses. Douce ironie ! Nous terminons avec Danielle Harris pour Tosh une gothique droguée nymphomane (décidément !) qui m'aura appris le mot '' épectase '' ; Loretta Devine pour l'agent de sécurité Reese Wilson qui excellente dans son rôle et qui nous offrira un clin d'oeil très sympathique à Coffy, la Panthère noire de Harlem par Pam Grier ; et enfin John Neville en tant que Dean Adams, le doyen du campus.



CONCLUSION : ##



Urban Legend de Jamie Blanks est un slasher bien ficelé dans sa thématique centrale à savoir '' les scènes de meurtre '', qui se perd dans sa finalité chaotique et quelques clichés dispensables qui sont contrebalancés par le suspense, l'humour noir et de nombreuses exécutions uniques en son genre qui en font sa réussite principale. Il faut prendre Urban Legend pour ce qu'il est, un divertissement horrifique frais, amusant et limité pour adolescents.


L'un des meilleurs slashers provenant de la grosse vague de films des années 90 initiés par le chef d'œuvre du genre Scream !




  • Un appel. Vas-y parle. Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Felicia ?

  • Bein... C'est un peu gênant.

  • Crache le morceau, Felicia.

  • Bein, justement c'est ça le problème. J'ai pas recraché.

  • Oh ! On a biberonnée les protéines d'un petit camarade de classe, hein ?

  • Sacha, je me sens malade grave. Je te jure, je les sens qui gigotent en moi. Faut que je me fasse faire un lavage d'estomac ?

  • Felicia, à mon avis tu as surtout besoin de te faire faire un lavage de cervelle. Primo, je te félicite de tes choix questions jeux sexuels. Parce que ma p'tite le monde n'est pas prêt à te laisser procréer. Deuzio, la gestion de sécrétion corporelle est un comportement à haut risque, tu es au courant ?

  • Tu es sûres ?

  • Certaine. Alors voilà ce que je te conseille. Tu vas t'envoyer un pansement gastrique et là prochaine fois éloigne toi du volcan avant son éruption.


Créée

le 29 oct. 2021

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