À vouloir cultiver son étrangeté, Jordan Peele en oublie de respecter une certaine vraisemblance. Le réalisateur s'emploi pendant tout le film à mettre ses personnages en danger mais se refuse totalement à les voir mourir, en résulte une série de Deus Ex Machina qui retire tout suspense au film. En effet, puisque la famille échappe miraculeusement à toute les tentatives d'élimination avec une réussite déconcertante, on se dit qu'une bonne étoile (ou un mauvais scénariste) veille sur eux. C'est d'autant plus perturbant, que la famille blanche, quant à elle, se fait éliminer sauvagement en 30 secondes. Dès lors, je peine à comprendre pourquoi le papa est transporté sur le bateau, la jeune fille est autorisée à tenter de s'échapper, la mère est attachée, le fils fait mumuse avec son double... tandis que l'autre famille ne bénéficie pas d'un tel sursis. Tout cela est d'autant plus dommage que le twist final est assez réussi dans son genre shyamalanesque, et que les thématiques raciales et politiques, chères à l'auteur, sont pertinentes.