Le renouveau de la comédie américaine, ou comment trouver du talent là où il fait défaut.

Ceux qui aiment écouter de la musique en lisant.


On ne peut rester de marbre devant une œuvre si subversive car c'est le propre des grands films que de déchaîner les passions. Tom Green signe ici un chef d’œuvre profondément engagé, chef d'œuvre dans lequel il s'est investi corps et âme, à la fois en tant que scénariste de talent, réalisateur magistral et acteur facétieux.


"Freddy Got Fingered", n'est pas qu'une simple comédie simpliste, non. C'est avant tout un solide canevas qui nourrit un propos piquant, acerbe. Tom Green, en fin penseur de son temps, nous invite à plonger dans une société américaine délétère, rongée par la corruption, l'avarice et la cupidité. Dans un pamphlet virulent contre les mœurs de son temps, il dissèque avec brio les rapports familiaux mis à mal en ce début de XXIème siècle par une société qui encourage le carriérisme et l'individualisme. Du racisme à la place des handicapés, de la médecine moderne à l'infantilisation de l'individu, de l'appauvrissement de la population à la condition animale dans la société, rien n'échappe à cette comédie satirique qui ébranle nos certitudes les mieux établies. Brisant les carcans du genre, Tom Green n'hésite pas à montrer des scènes choquantes et provocatrices, emmenant le comique-trash à un niveau jusque là inégalé.


Poussant à son extrême la lourdeur de la comédie, dirigeant ses acteurs au summum de la médiocrité, Green se fout de tout, se permet tout, dénonce tout, de la comédie mercantiliste au monde amoral d'Hollywood afin de tirer vers le haut ses contemporains, d'en corriger les mœurs et de promouvoir un cinéma respectueux de son public. Digne héritier d’Ésope, d'Horace et de Molière, Green a fait sienne la devise Castigat ridendo mores.


Génie incompris, maître dans l'art de bousculer les convenances, il accomplit l'acte ultime de dérision, allant chercher les 5 razzy awards que cumule son œuvre, faisant par la même un pied de nez aux critiques cyniques et médisantes, moi y compris.
Bravo, Monsieur Green, vous êtes un grand !

Petitbarbu
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le 10 mars 2015

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