On pourrait croire qu’en étant issu d’une famille de vampires, la façon de se nourrir coule de source, que ce soit inné, mais que nenni, d’autant plus lorsque votre première fois sur un être vivant très clownesque, à l’occasion d’un anniversaire se passe aussi mal, entraînant un syndrome post-traumatique des plus loufoque, mais bien embêtant lorsque ces chères canines refusent de faire leur office. Oui, c’est bien le postulat de départ quelque peu perché de ce métrage, qui parvient à nous offrir un cadre déjà vu, par ces créatures maintes fois utilisées au cinéma, pourtant, totalement unique dans sa manière de les aborder, d’une humanité finalement incroyable, presque comme s’ils étaient comme vous et moi, avec leurs forces, mais surtout, leurs faiblesses. Autant vous dire, qu’un vampire incapable de se nourrir, ça donne lieu à des scènes, mais surtout, des discussions parentales pour le moins lunaires, d’une cocasserie sans nom, comme si c’était un problème d’adolescent comme un autre, une crise d’identité que tous traversent à cet âge, certaines seront absolument irrésistibles, d’un humour incroyablement subtil, mais également très noir, très cynique, qui apporte une force de caractère extraordinaire à l’ensemble. Mais vous l’aurez compris, sous couvert de l’existence de ce mythe aux dents longues, c’est avant tout une introspection de cette période qu’est l’adolescence, du sentiment de mal-être qui l’accompagne souvent, cette sensation de ne pas être à sa place, d’être différent de ceux qui vous entourent, d’être perpétuellement jugé parce que vous sortez du lot, sans compter ce harcèlement qui prend toujours plus de place, de quoi vous conduire aux plus sombres des réflexions. La réalisation d’Ariane Louis-Seize est simplement sublime d’intimité, je suis littéralement sous le charme de sa vision extrêmement moderne, extrêmement contemporaine du mythe du vampire, qui offre un cadre finalement totalement actuel à son travail, qui parvient aisément à sortir des carcans habituels du genre. Visuellement, nous sommes justement dans quelque chose en toute simplicité, rien d’extravagant, bien que le cadre soit évidemment très sombre, parfois quelque peu sanglant, ce qui est inhérent à nos chers buveurs de sang, rappelons-le, on ne tombe jamais dans le gore ou l’horreur, bien au contraire, c’est simplement un style de vie, comme un autre. En ce qui concerne le scénario, d’une intelligence remarquable, bien qu’il puisse paraître totalement loufoque, il l’est très certainement, il nous offre pourtant un récit extrêmement riche, d’une finesse extraordinaire, il nous livrera de véritables pistes de réflexion et des sujets forts, qui seront abordés avec justesse. Rapidement, on se rend compte de la bienveillance, de la gentillesse, de la douceur de ce récit, malgré son aspect cynique extrêmement agréable au demeurant, les sentiments y sont si merveilleusement traités, malgré leur dureté, on se prend à être touché par ces deux jeunes héros, liés par leurs différences, par cette idée de la mort qui les obsède et qui semble être la seule issue à leur mal-être. Quant au casting, il est simplement parfait, je suis littéralement sous le charme de ce duo si atypique, Sara Montpetit et Félix-Antoine Bénard semblent avoir été taillés pour ces rôles, leur alchimie est saisissante.
En bref : Un film de vampires classique sur le papier, qui en possède toute l’identité, mais qui parvient à se détacher complètement des clichés habituels, pour se transformer en un récit intimiste extrêmement touchant, plus humain que tout ce que nous pouvions penser, il servira à aborder l’adolescence, avec une justesse incroyable, nous faisons partager une histoire, aussi simple, que complexe par la difficulté des sujets abordés !
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