Vamps
4.2
Vamps

Film de Amy Heckerling (2012)

Hihihihi, je suis une fiiiiiille !

Castlevania Lord of Shadow 2 - Dracula's theme


Vamps est aux vampires ce que Twilight est aux ... Vampires.
Pire
Vamps est au vampires ce que Hugh Grant est au cinéma, ce que Rob Schneider est à la comédie, ce que Thor est au film de super-héros, ce que les films Harry Potter sont aux livres, ce qu'Eragon est à la littérature Fantasy, ce que Bernard Henry-Levi est à la philosophie, ce que Hitler est aux Juifs, ce que les films Sex and the city sont à la femme, ce que Uwe Bowle est aux réalisateurs, ce que Michael Moore est à l'objectivité, ce que Kim Kardashian est à l'humanité, ce que Bloodrayne est au dentpire (ouais ... dhampire, je sais), ce que Bush est à la politique internationale, ce que les Chti's contre les Marseillais sont à la culture, ce que Nicolas Cage est à la mode capillaire, ce que Tokio Hotel est à la pop rock, ce que le Baseball est au sport ...


Alors m'objectera-t-on, au vu de l'affiche, au vu de la réalisatrice, tu savais où tu allais ? Viens pas râler, tu l'as vu pour les plus mauvaises raisons, en plus : voir un film de fi-filles histoire de sortir quelques bons mots, de préférence misogynes au possible, le tout enrobé de rires gras et autres activités supposément masculines.


Eeeeeh … oui. Assurément, une bonne partie de ce qui me motiva était la perspective de rire du film. En la matière, je ne fus pas déçu.
Le film est un condensé de sitcom aussi mal filmé que mal ficelé censé s'adresser à la ménagère, à la femme moderne, active ou non et véhiculant un idéal éculé se basant sur un consumérisme comme vecteur du bonheur et plaçant comme but ultime le mariage et la reproduction, ceci même au prix de l'immortalité.


Je ne vais pas disserter là-dessus, même les trognes, sympathiques au demeurant, de Krysten Ritter (mangeant un yaourt sur l'image) et d'Alicia Silverstone (tenant un escalier) ne parviennent pas à soulever une once de sympathie, ce qui me pousse à mettre deux au film qui ne mérite pas le un réservé aux nanars sympathiques et aux étrons mémorables.


Mais plus que ces petites considérations sur un film qui ne mérite aucunement qu'on s'y attarde, c'est la figure du vampire allègrement bafoué dans les dernières productions qui m'émeut et me pousse à écrire sur Vamps.


Le vampire, je ne t'apprends rien, c'est cette incarnation moderne du mal dans nos sociétés.
C'est ce mal absolu, tentateur, séducteur ou bien inquiétante figure de l'étranger, de l’aristocrate dans les plus vieilles bobines – petite pensée pour Bela Lugosi et son inquiétante interprétation du comte Dracula. Le vampire c'est pour moi avant tout cette figure proprement terrifiante qui nous ramène à notre propre vide intérieur de par le désespoir qu'il incarne.


C'est ce démon torturé et condamné à errer seul pour l'éternité.


Si je peux concevoir que le vampire côtoie ses semblables – la solitude ça va un temps – je ne conçois pas le vampire autrement que comme cet âme damnée vouée à d'éternels tourments, âme que ronge la solitude et qui séduit ses proies. C'est cet être au magnétisme implacable, être qui éveille en nous une fascination proprement démoniaque.
C'est lui, lui qui représente cet antéchrist qui nous hante, qui catalyse une pensée et un imaginaire un brin « no future » monstrueusement cool et terrifiant.


Or voilà qu'on lui taille un costard tout neuf et qu'il se retrouve en premier place du fantasme de la ménagère – c'est pas moi, c'est monsieur Rafik Djoumi qui le dit dans un superbe épisode de BiTs que j'ai regardé avant de me décider à écrire cette critique tant le contenu était en parfaite adéquation avec mon ressenti. Voila notre suceur de sang exhibé comme un « presque humain » ne craignant ni le jour, ni la tentation. Ne connaissant pas la solitude, séduisant sans coucher avant le mariage, quand même. Bref... un vampire aseptisé.


Qu'est-ce que ça vient faire là tout cet emportement sur le vampire ? On parle ici d'une comédie, le vampire y est malmené depuis longtemps et nul besoin de s'emporter autant.


Eh bien non ! Trois fois non. Des comédies traitant avec finesse du vampire, de ses codes, moi je t'en trouve des biens, des drôles, des bourrées d'humour qui ne pervertissent pas la figure de cet ange de la nuit. Tiens, prends What we do in the Shadow, par exemple. Ou bien la figure de Vigo dans Gosthbusters, qui enfant me faisait vraiment peur malgré l'humour du film.


Non, ici on calque le modèle du vampire comme simple prétexte, comme un « gimmick » le tout plaqué sur deux figures de jeunes femmes tout ce qu'il y a de plus banales et ennuyeuses. Ne se nourrissant que du sang de rat, parfaitement intégrées dans une communauté humaine qui ne les rejette pas, la condition de vampire n'est même plus un fardeau puisque nos deux protagonistes vivent en colocation dans un appartement ravissant tout rose tromeugnon avec des cercueils tout cosy.
Elles s'envoient des sms, sont sur s'book, ramènent un mec dans le cercueil. Oui, elles ont un cercueil alors que l'appartement étant déjà dans le noir complet, elles pourraient juste dormir dans un LIT !
Mais non, sinon ça fait pas assez vampire, j'imagine.
J'ai beaucoup tiqué là-dessus.


Vampirette et Vampirella s'adonnent à de saines activités entre deux bouffes de rats bio, allant draguer dans les nights clubs tout en traînant avec leur pote humain/gay cliché, incontournable des films de ce genre. Dévergondées, mais quand même sages, elles ne tuent pas l'humain mais se contentent d'une petite baise amicale puis elles parlent pendant des heures d'un problème insignifiant ... blabla, cliché sur la vieille qui sait pas utiliser internet ... lassant.


Vlad Tepes (Dracula) fait du tricot – incarné par un Malcolm McDowell dont la carrière frise le pathétique ces dernières années – et l'antagoniste du film est une espèce de Miranda Priestly affublé de longues dents de vampires avec un penchant pour le sang des livreurs de pizzas.


Alors si, attends, la condition de vampire pose bien un problème.


Lorsqu'on veut enfanter, bien évidemment.
Car l'une de nos vampirette ( la plus jeune ) tombe éperdument amoureuse d'un Apollon de papier glacé, un genre de belître mol et ballant, impersonnel et absolument barbant qui me colle l'envie de l'essoriller proprement. Surtout que le bonhomme est le fils d'un chasseur de vampire (comique de situation, humour) aussi crédible que Nadine Morano quand elle te dit que non, elle est pas raciste.


Puis bon, les tentatives d'humour tombent à l'eau, les chutes tombent tout bêtement et le tout donne un résultat proprement abrutissant.


Rien qu'à l'écrire j'ai la bile qui me monte à la bouche.


Bref, je vais allègrement te gâcher la fin, la greluche va devoir tuer la méchante patronne vampire pour pouvoir faire des bébés et son amie – vieille, mais qui a bien vécu, quand même – va se sacrifier.



Ha !



Et moi ça me les brise, ça me les hache menu façon émincé de petits oignons.


Je ne supporte pas cette vision de la femme et de l'homme, je ne peux souffrir qu'on bafoue une figure aussi charismatique de l'imaginaire collectif pour une comédie aussi vaine et au message aussi rance, pernicieux, dégoûtant. Des vampires qui font une sorte de … boum ... dans une espèce de gymnase/salle des fêtes. Des bons sentiments partout, des chaussures et des minauderies, la superficialité érigée en vertu, la connerie en credo et moi qui me suis tapé tout le film comme happé par la crétinerie ambiante, incapable de détourner le regard, les yeux vitreux et la bave aux lèvres.
Même l'humour m'a déserté durant ce film, ne restait que l'effarement.


Et le tout en écornant un peu plus l'image bien terne du vampire qui souffre déjà des Twilight et autre Vampire academy qui me fait me dire qu'il nous faut maintenant aller du côté du Japon pour trouver encore des œuvres sachant jouer habilement de l'imaginaire autour du vampire et à le traiter avec respect tout en lui donnant une touche personnelle.
Oui, je pense à Hellsing.

Petitbarbu
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le 12 nov. 2015

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Petitbarbu

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