Revisionnage (dix ans après).
Nous sommes en 1984 et ça y est, c'est enfin l'heure du grand dénouement pour les voisins de Crystal Lake : ce quatrième Vendredi 13 est le "Chapitre final" (on nous aura à peine menti – nous n'en sommes aujourd'hui qu'au douzième opus). Jason, désormais un colosse (il est ici interprété par le mètre quatre-vingt-treize de Ted White – qui détesta tellement ça qu'il refusera finalement que son nom apparaisse au générique du film), peut maintenant s'autoriser à tuer certaines de ses victimes de ses seules mains nues – par exemple en leur pressant la gueule contre le mur de la salle de bain. Le freluquet du deuxième épisode semble bien loin. Tant mieux.
Alors on ne perd pas les bonnes vieilles habitudes : pour nous plonger d'office dans le bain, le film s'ouvre sur un medley des trois premiers films. Un procédé assez nul qui permet mine de rien de meubler cinq minutes de l'heure et demie de ton film. On rencontre ensuite la galerie des futures victimes de notre ami Jason (que sa môman appelait le p'tit Jacky – faut l'savoir, hein, c'est vérifiable) et là, surprise ; un peu de variété. Outre les habituels jeunes cons et libidineux (odieux), le film met en scène deux nouvelles catégories de personnages : d'abord, une gentille petite famille ricaine (moins le papa, mais plus le chien – ça compense), mais aussi un vengeur solitaire, décidé à en découdre avec notre boogeyman (tout ça parce que ce dernier a tué sa sœur – le gars a la rancune tenace ou je ne m'y connais pas). Un ajout appréciable sur le papier. D'autant plus que, chose rare, le mioche ne joue même pas mal (Corey Feldman, qui aura survécu à Jason Voorhees pour se faire retapisser la rondelle par les prédateurs sexuels d'Hollywood – c’est con).
Dommage que ces nouveaux profils de personnages n’impactent en rien l’intrigue et les péripéties du film, qui ne se contente finalement que de dérouler aussi paresseusement que ses prédécesseurs ce qu’il convient désormais d'appeler la routine vendredi-treizienne. Mais bon. Ces personnages restant un peu moins cons et un peu moins chiants que la traditionnelle bande de jeunes (parmi lesquels Crispin Glover), disons que le compromis est tolérable. Formellement, il s’agit d’ailleurs de l’opus le plus propre (y'a même quelques plans sympas, dans la nuit et le brouillard) et on appréciera certains trucages signés Tom Savini – de retour après le premier épisode. Comme le fait qu’après quatre films, l’un des personnages ait enfin la présence d’esprit de frapper Jason quand il est à terre, plutôt que de se barrer et d’attendre qu’il se relève. Des petits riens qui font de cet opus le plus agréable à mater des quatre.