Morts à Venise

Massacré par la presse et une bonne partie du public, Veneciafrenia ne brille certainement pas par la rigueur de son scénario et la richesse de ses dialogues. Mais, de toute évidence, il s’agit d’un film de genre où Alex de la Iglesia a souhaité exploiter à fond le cadre vénitien pour renouer avec un projet néo-slasher, sans autre prétention, en dépit de son sujet politique qui, avouons-le, dénote quelque peu. Utiliser un sujet ancré dans l’actualité pour mettre en scène un film où on massacre allègrement du touriste, c’est diablement maladroit. Même s’il ne renoue pas avec ses meilleurs films, le réalisateur espagnol joue parfaitement du fantasme vénitien avec ses ruelles étroites, ses canaux et ses masques pour proposer un film visuellement abouti. C’est clairement, et on le comprend très vite, le seul intérêt de cette production.

À défaut de mener l’ensemble à un rythme trépidant, le film alternant mises à mort pompeuses et parfois volontairement grotesques avec une enquête peu rigoureuse mais pas totalement inintéressante, l’ensemble mise sur son ambiance et quelques séquences au-dessus de la moyenne. La dimension slasher est assurée par des crimes graphiques relativement gore même si on pourra regretter l’absence de suspense et de tension. Le côté « Comedia Dell’Arte » qui est associé à l’ensemble fait souvent pencher le résultat pour une farce excessive qui peut déplaire. Quant au mystère, il aurait peut-être mérité à gagner en épaisseur.

De toute évidence, le film est rempli de défauts et ne tient pas toutes ses promesses. Certaines situations dépassent le bon sens mais le réalisateur tire un excellent parti de son environnement pour livrer un film, certes anachronique (on pense davantage à un film des années 80 voire 70), mais non dénué de qualités cinématographiques. Pas à la hauteur de son potentiel, mais divertissant malgré tout.