Vermines par Chernobill

Vu, et j'ai bien aimé. Le film a ses défauts, mais par sa nervosité, sa réalisation globalement soignée (des passages parfois très confus mais contrebalancés par d'autres franchement bien chiadés) et son casting qui fait le taff, on est embarqué dans une course contre l'araignée qui fait ma foi, bien le taff.

Bien que je ne sois pas de nature arachnophobe, il y a eu plusieurs passages qui m'ont bien fait sursauter.

Le film est vraiment bien dans sa dimension de huis clos. Le réal sait jouer dans les espaces étriqués de cet immeuble et nous plonge progressivement dans un enfer tissé de toiles.

Un bail à la Attack the Block, mais vraiment plus viscéral, et avec des ados en galère troqués par des jeunes adultes en galère.

Le film aurait pu aller crescendo, malheureusement je vais faire partie de ceux qui n'ont pas apprécié un certain passage et ce qui va démarrer l'acte final du film.

Ce point de "non-retour" des protagonistes, il ne me gêne pas par son existence ni même sa nature, que je trouve au contraire intéressante, mais par son déclenchement.

On se retrouve bizarrement avec un protagoniste des cités stéréotypé et hébété alors qu'il semblait avoir évité de tomber dans l'écueil jusqu'à maintenant. Reste qu'on a un propos on ne peut plus contextualisé et creusé qu'un bête "ouin ouin police est méchante wesh des cités sont gentils".

Une méfiance contre l'autorité qu'on a déjà pu voir dans REC d'ailleurs, où de la même façon un bâtiment entier est mis sous une quarantaine et où les habitants peinent à obtenir des explications de la part de ceux qui les ont enfermées. Le souci c'est que selon moi le point d'explosion de Vermines semble un peu forcé, bien que l'on sente tout le long du film que personne au sein du bâtiment ne sait ce qui se trame au dehors, si ce n'est que ceux de l'extérieur ont choisi de ne pas leur parler.

On pourrait aussi avoir l'impression d'assister à une succession de persos qui ne se disent rien comme on a souvent envie de le regretter dans les films d'horreur, mais on sent alors que le film a envie d'émettre une certaine critique de la nature humaine - qui pousse autant à des conséquences individuelles (Kaleb et son pote qui ne se parlent plus) que systémiques (les autorités ont une procédure à suivre) - lorsqu'elle nous oblige à rechigner le rationnel, et à ne pas communiquer alors que la situation l'exige le plus.

In fine, ça alimente un autre thème : celui du mal-être des quartiers délaissés, mélangé avec la carte du film de genre horrifique. Une espèce de combinaison Arac Attack / Les Misérables en somme.

Difficile d'ignorer cette interprétation lorsqu'un des plan finaux montre côte-à-côte sur un panneau d'affichage les photos des victimes de la catastrophe et... l'annonce immobilière qui laisse entendre que ça n'a pas traîné pour qu'un promoteur y voit une aubaine.

Et once again c'est pas pour dire "méchante autorité trop triste le peuple abandonné", c'est juste une analyse de ce que le film tente de raconter en sous-texte, en plus de son invasion d'araignées. Et ça fonctionne plutôt bien dans l'ensemble malgré mes reproches.

Je suis donc très curieux de voir ce que Sébastien Vanicek va bien pouvoir faire à Hollywood, et de voir ce que l'enfant terrible de Golden Moustache nous offrira côté scénar'.