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Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Un concept aussi imaginatif que restrictif

Vice-Versa faisait partie de mes films les plus attendus de cette année. À sa sortie mondiale, il est rapidement devenu le film à voir absolument en ce mois de Juillet tant la critique et le public était à l'unisson pour le qualifier de réussite, parfois même de meilleur Pixar depuis Là-Haut (qui reste, pour moi, leur meilleur film et l'un des meilleurs films d'animations moderne).


Vice-Versa est finalement bon, mais pas à la hauteur de son succès, selon moi.


Le concept de ce film est sa plus grande force, mais également sa plus grande faiblesse. Pixar nous servant un film d'aventure calquée sur leur fameuse méthode, l'excellent concept de jeu d'interactions entre les émotions et Riley perd de son impact au fur et à mesure que la véritable aventure de Joie et Tristesse démarre.


Cette aventure m'a ainsi semblé être une ballade dans laquelle Pixar nous montre l'étendue de leur créativité en nous présentant chacune de leur bonnes idées une par une. Je n'irais pas jusqu'à dire que l'aventure de Joie et Tristesse est un prétexte pour nous les montrer, mais presque. Cette épopée manque de véritable enjeu, de notion de danger et perd de sa saveur au moment où l'on comprend la mécanique prévisible vers laquelle elle s'engage.


Dans le même temps, le concept empêche de développer concrètement le personnage de Riley, qui se retrouve reléguée au statut de pantin bipolaire, ne favorisant en rien l'attachement que l'on pourrait avoir pour elle. Dans beaucoup de scènes, ses changements d'humeur paraissent à la limite du parodique: la scène de la rampe où elle rigole à l'idée de glisser dessus avant de se rétracter pour enfin retrouver le sourire trois marches plus bas et enfin descendre en glissant ou encore le moment où elle oublie complètement comment jouer au hockey alors que la logique voudrait plutôt qu'elle n'y trouve plus d'intérêt à y jouer. Certains de ces moments avec Riley m'ont paru à la limite du hasardeux.


Riley n'est pas le seul personnage qui souffre de concept puisque ses émotions se retrouvent piégées dans leur définition unidimensionnelles. Si Joie (Joy) est un personnage assez complet avec une palette d'émotion, les autres se retrouvent bloqués par le concept-même de leur existence, ce qui rend la quasi-totalité de leurs interventions prévisibles.


L'humour est également beaucoup plus décevant que dans leurs œuvres précédentes. Si les bonnes idées d'illustrations de notre psyché prêtent souvent à sourire, l'humour y est en contradiction bien moins inventif que par le passé et tombe souvent dans le gaguesque pur plutôt que dans le véritable humour à double-lecture avec lequel les films d'animations nous ont séduit. Le générique fut pour moi le moment le plus drôle du film.


Si Pixar a eu de merveilleuses idées pour imager nos émotions et le fonctionnement de notre cerveau ou symboliser le passage vers l'adolescence de Riley, elle a laissé de côté cet aspect imaginatif lorsqu'ils se sont occupé du jeu d'interactions entre les émotions et les réactions de la petite pour y développer à la place une aventure dispensable visant plus à dérouler le portfolio de créativité du studio que de raconter une histoire.


Le concept est la force du film tant il fourmille de bonnes trouvailles, mais aussi sa faiblesse tant il relègue au second plan la mécanique des émotions qui nous avait tous séduit au départ.

Naoned_Pride
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le 8 juil. 2015

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Naoned_Pride

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