Il se passe immédiatement quelque chose dans ce east side, west side.
Passées les premières images traditionnelles de plans de new york ponctués d'une voix-off, une première scène de famille instille une tension inattendue.

Un couple rend visite à la mère de Jessie (la dame du couple). Nous sommes dans la bonne société, et les apparences sont, comme il se doit, des plus onctueuses. Le couple s'adore et les rapport qu'ils entretiennent avec la belle famille sont délicieux. Mais rapidement, la liberté avec laquelle la mère parle à sa fille de son vrai père étonne. Peu après, lorsque le jeune couple prend congé, cette même mère demande à son mari si ces derniers ont résolu leurs difficultés intimes.
Un thème du film s'est glissé ici de manière subtile: l'éternel combat entre les apparences et la réalité des rapports sera traité avec acuité et intelligence.

Parce que le vrai sujet du film, ne nous y trompons pas, est bien la façon, lente et inexorable, dont Jessie ouvre les yeux sur ce qu'est Brandon, son mari tant aimé. Tout le reste n'est que (joli) prétexte. De l'amour naissant de Jessie envers Mark Dwyer (toujours étonnant Van Helfin), du rôle de femme fatale d'Isabel Lorrison (une Ava Gardner qui fait le job, dans un rôle plus profond qu'il n'y parait de prime abord), d'une histoire de meurtre torchée en cinq minutes, tout ne fait que concourir à une graduelle prise de conscience de la part de Jessie, qui la mènera à une salutaire lucidité.

En fait, le seul point faible du film tient en son casting féminin.
Oui, vous m'avez bien entendu.
Si Barbara Stanwyck est plus que convaincante en femme bafouée qui recouvre peu à peu son honneur intime, je ne lui ai jamais trouvé un physique digne de son talent. Ava, malgré une plastique irréprochable me laisse, comme toujours, chaud comme un quartier de viande oublié dans une chambre froide désaffectée aux confins de la sibérie au milieu de l'hiver, Cyd Charisse passe inaperçue, et Beverly Michaels exsude l'érotisme d'un CRS retraité atteint d'une maladie dégénérative de la peau.

Reste Van helfin, dont j'ai parlé, et surtout James Mason, jamais aussi parfait que quand il joue un fourbe mondain, un de ces hommes faibles qui ne peut réaliser que trop tard les conséquences inévitables de ses comportements d'enfoiré sincère de la haute société.

Bref, et s'il est loin de n'avoir fait que ça, encore un grand film de Mervyn Leroy.
guyness
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mervyn LeRoy, le plus grand réalisateur sous-estimé de tous les temps ?

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le 7 avr. 2013

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guyness

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