Torture! (Ma vraie note 6,5/10)

1961
Cela ne semblait pas être une année faite pour aborder le sujet du viol. Et pourtant, ce film l'a fait et cela avec beaucoup de justesse. Si la scène de viol n'est pas montrée directement mais seulement suggérée, "Ville sans pitié" montre, sans tenter de minimiser quoi que ce soit, l'horreur et les conséquences réelles d'un viol.
Culpabilisation de la victime que tout le monde traite comme une allumeuse (ou pire), minimisation du crime horrible, moqueries monstrueuses, un avocat des accusés ignoble qui fera tout pour décrédibiliser psychologiquement la vraie victime

Tout cela parce que les accusés sont des soldats de l'armée américaine et que le salaud d'avocat des accusés fait également partie de l'armée estimant que l'honneur de l'armée américaine passe avant tout peu importe les atrocités et monstruosités que des membres de l'armée peuvent faire.

Et n'oublions pas la sale connasse de journaliste qui se fiche pas mal de ce que la pauvre victime du viol a enduré et endure pendant tout le film tant que cela lui fera un scoop à sensation jusqu'à avoir des discussions familières avec l'immonde avocat des accusés.

Puisqu'on parle de l'avocat, le Major Garett (Kirk Douglas) est une ordure du début à la fin. Conscient du traumatisme de la jeune fille mais obligé de prendre le parti des violeurs, ceux-ci faisant partie de l'armée comme lui, il décide, malgré un cas de conscience lui rappelant que la jeune fille est une victime, de faire passer l'honneur de l'armée avant tout estimant que c'est son devoir et devant faire respecter sa réputation pour préserver sa fonction...

...tout en continuant ses actes immondes tout en essayant d'inciter les proches de la victime à lui apporter du soutien moral et l'inciter à dire toute la vérité...

...pour qu'elle puisse prouver qu'elle est une vraie victime mais reste incapable de voir que l'honneur n'est pas une bonne chose dans la situation du film.

La seule chose que je déplore vraiment dans ce film, c'est qu'au final, malgré la manière réaliste dont on montre les réactions de la jeune fille après son viol (sanglotante, balbutiante, emplie de honte, isolée, méprisée ou encore d'autres atrocités), la victime reste un personnage secondaire le film préférant se concentrer sur l'anti-héros qu'est l'avocat des accusés. Si cela est fait pour renforcer l'indifférence et, surtout, l'inhumanité de méprisables et monstrueux individus qui vont jusqu'à invisibiliser les souffrances des victimes au point qu'elles n'arrivent plus à exprimer leurs souffrances et s'isolent parce qu'elles n'osent plus se montrer, ça laisse dubitatif quand on sait que le viol est le sujet principal du film.
Preuve encore plus flagrante que tenter d'aborder le viol à cette époque était tabou vu que le ne nous montre pas directement le point de vue de la victime. Preuve que, malgré son propos grave et le fait que le film veuille aborder ce dernier d'une manière réaliste, "Ville sans pitié" reste un film de son temps mais qui fait prendre consciente de l'horreur de l'acte alors qu'à l'époque, personne ne voulait en entendre parle et, même, s'en foutait royalement.
Ce qui incitera d'autres réalisateurs à parler de ce sujet en, cette fois, abordant le point des victimes montrant la force de certaines qui parviendront à se défendre mais aussi, hélas, celles qui ne seront jamais aidées et sombrent dans le désespoir au point d'accomplir le pire.

Je vais m'arrêter de parler du film un instant pour parler du sujet du viol dans la réalité.
Nous sommes dans les années 2020 au moment où j'écris cette critique. Et pourtant, rien n'a changé au niveau de l'horreur et des conséquences des viols depuis les années 60, même 50.
Des milliers de femmes victimes de viols sont traumatisées à vie le crime étant toujours minimisé, que les victimes sont encore constamment culpabilisées, traitées d'allumeuses (ou pire), insultées, décrédibilisées psychologiquement...jusqu'à être poussées au suicide quand elles sont délaissées de tous.
Vous devez réagir pour changer ça. Soutenir directement ou indirectement les victimes de viols, remettre les salauds qui minimisent le crime à leurs places, affirmer haut et fort que les violeurs méritent d'être tous punis...Le moindre petit acte peut faire réagir et apporter du réconfort aux victimes qui ont le droit fondamental de retrouver le bonheur perdu et peuvent y arriver si vous leur montrez, par le moindre geste de près ou de loin, que ce soit de l'affection ou même seulement de la compassion.

En bref, réagissez tant que vous pouvez le faire.