En 2011 était sorti un livre d'entretien de Patrice Leconte, nommé "J'arrête le cinéma" : en effet, il était si échaudé par la difficulté de réaliser des films plus personnels ou, quand ils se concrétisaient, se plantaient au box-office, qu'il a voulu tout laisser tomber.
Voir la mer fait partie de ce registre plus personnel de Leconte, avec un dispositif plus réduit, se réduisant prioritairement à quatre comédiens.


Ça raconte l'histoire d'une jeune femme nommée Prudence qui, après s'être disputée avec son amant, rejoint deux personnes qu'elle ne connait pas du tout, deux frères, qui décident d'aller de la Bourgogne à Saint-Jean-de-Luz pour aller voir leur mère, sur un coup de tête.
A partir de là, Voir la mer est un road movie sur une relation triangulaire, avec cette femme qui restera d'une grande opacité sur ses origines, et qui va rester sans arrêt avec ces deux garçons, fusionnels en diable, qui iront jusqu'à se la partager. Après tout, elle a envie elle aussi de coucher avec les deux, parce que, dit-elle, elle n'a pas à choisir.


Sorti de là, il ne se passe pas grand-chose, des bavardages, l'amant de Prudence qui la poursuit, une scène gag avec Urbain Cancelier, une scène de baignade, mais c'est bien ça la limite, il est difficile de faire un film intéressant sur du vide. Et, malgré toute l'affection que je porte à Patrice Leconte, c'est clairement raté.
Déjà, le prénom de la femme ; Prudence. Comme si ça ne soulignait pas déjà à gros traits que ces deux frères, au demeurant très bien incarnés par Clément Sibony et Nicolas Giraud, doivent s'en méfier, car après tout, ils ne la connaissent pas. Ensuite, il y a des facilités de mise en scène que je trouve un peu toc, comme décaler la voix par rapport à l'image, ou, plus gênant, faire une mise au point de l'image en direct, notamment sur cette beauté qu'est Pauline Lefèvre. Je ne la connaissais pas, mais elle a indéniablement un charme et une pétillante qui rappellent beaucoup Louise Bourgoin.


C'est principalement par elle que je me suis accroché au film, qui a failli provoquer sur moi un début de sommeil. Il y a tout de même quelques beaux moments, comme le moment où elle se donne à un frère, puis à l'autre, mais l'ennui guette très vite.
Avec Voir la mer, on dirait que Leconte a voulu faire LE film qu'il voulait, sans aucune autre contrainte que de filmer librement ; mais au fond, ce film, c'est une version moderne de Jules & Jim, 50 ans plus tard, sauf qu'ici, ce sont deux frères et qu'il y a du sexe. Mais il faut que ces personnages soient vivants, qu'il y ait une âme dans cette histoire, et à ce titre, la fin est clairement loupée, faisant preuve d'une certaine naïveté...

Boubakar
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le 12 nov. 2016

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